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Soleil de plomb (2015)
de Dalibor Matanic
publié le jeudi 31 mars 2016

par Bernard Nave
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2015

Sélection Un certain regard au festival de Cannes 2015
Sélection aux Oscars 2016

Sortie le mercredi 30 mars 2016


 


En trois parties étalées sur vingt ans (1991, 2001, 2011) Soleil de plomb du Croate Dalibor Matanic parcourt les souffrances d’un conflit dont les traces restent encore inscrites dans les paysages et les cœurs.


 


 

À chaque épisode, un couple composé de membres de communautés rivales, affronte les déchirures qui les opposent.

En 1991, ce sont Telema et Ivan, jeunes qui rêvent de partir pour Zagreb afin d’échapper aux antagonismes d’un village coupé en deux.
En 2001, Natasa et sa mère embauchent un jeune ouvrier de l’autre communauté, Ante, pour reconstruire leur maison en ruines. Ante fait partie de la famille qui a tué le père de Natasa durant la guerre. Attirance et répulsion pèsent sur le rapport qui s’instaure entre les deux jeunes.
En 2011, on pourrait croire que la page est désormais tournée. Un grand festival de musique gratuit attire une jeunesse avide d’alcool, de drogue, de sexe. Luka laisse sa bande de copains pour rendre visite à ses parents tout près du lieu de la fête. Les retrouvailles sont glaciales et il les quitte pour aller rendre visite à une jeune femme, Marija. Ce sont les retrouvailles de deux êtres taciturnes dont le silence couvre de toute évidence des souvenirs douloureux. Après un moment de violence verbale, Luka dit à Marija qu’il revient pour vivre avec elle. Il faut laisser le spectateur découvrir comment se termine cet épisode.


 


 


 

Dans les deux transitions, la caméra embarquée de Dalibor Matanic parcourt en longs travellings des paysages de maisons détruites, puis une périphérie de ville aux usines abandonnées et aux pavillons rénovés.
Manière de marquer le passage du temps dans le paysage.
À chaque fois, le ton s’adapte au climat de l’époque dans lequel il s’inscrit et plante ainsi, d’une manière originale, les stations d’un drame national vécu dans les creux d’individus qui ne sont en rien chargés d’une quelconque dimension héroïque. Ils sont tout simplement au cœur de ce passage du temps.

Le fait que dans les trois épisodes on retrouve les mêmes acteurs pour les deux personnages principaux rend encore plus prégnante cette dimension temporelle. Tihana Lazovic et Goran Markovic sont excellents dans cette variation des personnages qu’ils incarnent.

Bernard Nave
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2015

Soleil de plomb (Zvizdan). Réal, sc : Dalibor Matanic ; ph : Marko Brdar ; mont : Tomislav Pavlic. Int : Tihana Lazovic, Goran Markovic, Nives Ivankovic, Dado Cosic (Croatie/Slovénie/Serbie, 2015, 123 mn).

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