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Passek, Jean Loup (1936-2016) II
Une vie, une œuvre
publié le jeudi 8 décembre 2016

par Daniel Sauvaget
Jeune Cinéma en ligne directe


 
©Daniel Sauvaget

Cf. aussi les brèves de Jeune Cinéma.


Bien qu’il se soit retiré des affaires du cinéma - en France, du moins - depuis plus de dix ans, Jean-Loup Passek a laissé une œuvre durable en tant que défricheur du patrimoine cinématographique international - tout particulièrement du côté des cinématographies peu diffusées dans les circuits ordinaires du cinéma et de la télévision.


 

Fondateur du Festival de La Rochelle, qu’il a dirigé de 1973 à 2002, il a été aussi l’organisateur (jusqu’en 1998) des grandes rétrospectives du Centre Pompidou, qu’il veillait, dans la mesure du possible, à accompagner de copieux ouvrages documentés aujourd’hui introuvables car soldés par l’éditeur dans les années 2000.

D’origine tchèque, son patronyme complet (que jamais il n’utilisa dans la vie courante) était Passek de Stakelberg. Il était diplômé en géographie, mais c’est vers la littérature et la poésie qu’il s’est orienté tout d’abord, publiant deux ouvrages depuis longtemps indisponibles aux éditions Pierre-Jean Oswald (1961 et 1968).


 


 

Entré au service culturel des dictionnaires Larousse, il publia des critiques dans Jeune Cinéma (1967-1969) (1) et dans quelques quotidiens ainsi que dans le mensuel Cinéma (1972).

Chez Larousse, son rêve était de publier un Dictionnaire mondial du cinéma - projet qui aboutit, dans les années 1980, dans la conception qu’il a imposée : des entrées consacrées aux techniques, au matériel, aux entreprises, aux théories et aux institutions voisinent avec les entrées classiques attendues par le public (cinéastes, acteurs).


 

Ouvrage collectif, le Passek a connu plusieurs éditions revues et mises à jour.
Seule la dernière édition (2011) s’est faite sans lui, à cause de sa santé déclinante.


 

Lorsque la maison Larousse publia la première édition, le coordinateur et éditeur scientifique avait déjà changé d’emploi : depuis 1978, et jusqu’en 2002, il était conseiller-cinéma au Centre Pompidou. Membre de diverses commissions auprès du Centre du cinéma et du ministère de la Culture, il avait été responsable de la Caméra d’or au Festival de Cannes.

Auteur-éditeur de maints ouvrages de référence, il était aussi un collectionneur acharné. Possédant des milliers d’affiches dont de très nombreuses raretés, des photos de stars, des photos de films, du matériel de cinéma, d’innombrables ouvrages en plusieurs langues, il fonda un musée du cinéma, inauguré en 2005. Il avait choisi de l’implanter au Portugal, sa deuxième patrie, dans une petite ville du Nord nommée Melgaço. (2)


 


 

Depuis de longues années, Jean-Loup Passek, malade, vivait reclus à Paris, entouré d’un petit cercle d’amis pour la plupart extérieurs au monde du cinéma.
Largement oublié, sauf au Portugal (3), il est décédé le 4 décembre 2016, ayant consacré ses derniers instants à l’avenir de son musée, à ses bases matérielles, ses structures de fonctionnement, son programme.
Réorganisé et structuré en 2016, le musée a vu son avenir assuré au-delà du décès de son fondateur.

Daniel Sauvaget
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Cf. l’hommage de Jeune Cinéma.

2. Musée du cinéma de Melgaço.

3. Pendant tout le mois de septembre 2016, la Cinémathèque portugaise lui a rendu un hommage à Lisbonne : Pela curiosidade total (5-30 septembre 2016), avec, comme point d’orgue, la Medalha de Mérito Cultural.


 

Après sa disparition, sur son site, elle lui rend un nouvel hommage, en mettant en ligne quelques uns de ses articles mémorables, dans une traduction de Francisco Valente.

* O homem e os seus duplos (L’Homme et son double,) sur Andrzej Munk, Études cinématographiques n°45, 1965.

* De Praga a Budapeste ou o itinerário kafkiano (De Prague à Budapest ou un itinéraire kafkaïen,) sur son voyage à l’Est juste avant les "événements", Jeune Cinéma n°33 de octobre 1968.

* Silêncio e Clamor (Silence et Cri,) sur le film de Miklós Jancsó (1968), Jeune Cinéma nº 37, mars 1969.

* Porquê ? Porque sim (Pourquoi ? Parce que,) où il explique les choix de la programmation de la 9e édition du festival de La Rochelle, Catalogue du Festival de La Rochelle 1981.

* O beijo da aranha (Le Baiser de l’araignée,) où il évoque les 40 printemps du festival de Cannes et le prochain centenaire de la naissance du cinéma, Catalogue du Festival de La Rochelle 1987.

* Cinema francês anos 50 (Cinéma français des années 50,) où il présente l’exposition du Centre Georges-Pompidou à Paris, Catalogue du Festival Internacional de Cinema da Figueira da Foz, 21e édition (3 13 septembre 1992).

* António Campos, O guardião da memória (Antonio Campos, le gardien de la mémoire,) Catalogue du Festival de La Rochelle 1994.

* Pequeno elogio do ecletismo (Petit éloge de l’éclectisme,) Catalogue du Festival de La Rochelle 1994.



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