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Parc (le) (2016)
de Damien Manivel
publié le mardi 3 janvier 2017

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°377, décembre 2016

Sélection ACID au Festival de Cannes 2016

Sortie le mercredi 4 janvier 2017


 


Le deuxième long métrage de Damien Manivel, présenté par l’ACID lors du dernier festival de Cannes, surprend par sa facture classique et son respect rigoureux de la règle des trois unités. De lieu : un parc dans ce que l’on imagine être une ville de province. De temps : de midi à l’aube. D’action, enfin : celle du marivaudage de la première rencontre.
Des deux adolescents qui en sont les protagonistes, on n’apprend que ce qu’ils veulent bien dire d’eux-mêmes à leur tout premier rendez-vous.


 

Lui vit avec sa mère et n’a pas vu son géniteur depuis cinq ans. Il est bachelier et recommande à son interlocutrice la lecture de Freud. Elle est encore lycéenne, très douée en gymnastique, et elle le prouve en exécutant crânement et avec grâce une figure acrobatique.
On ne sait ni leur nom, ni s’ils sont sincères ou se contentent de mimer le protocole érotique en suivant, pas à pas, les stades d’un discours amoureux écrit d’avance. Le lieu devient personnage essentiel du récit, cadre naturel majestueux, biosphère exprimant quelquefois mieux les sentiments que les protagonistes eux-mêmes, inhibés et maladroits, traduisant tantôt l’espoir, tantôt le doute, voire la menace.


 

La relation (au sens de narration et aussi de rapport entre les personnages) prend une allure japonisante, une dimension anecdotique et allégorique, une apparence à la fois mythique et contemporaine. Les dialogues se passent totalement de musique. La remarquable bande-son de Jérôme Petit est essentiellement à base de bruits assourdis provenant de la ville, de cris d’oiseaux, de grincements de vélo et de paroles échangées entre des promeneurs.


 

Le jeune homme prend congé sans fixer de nouveau rendez-vous. La jeune fille reste seule et les ombres s’abattent sur le parc. Suit une nuit de pleine lune qu’elle vit comme une épreuve initiatique. Elle explore, à reculons, le sous-bois, rejointe par le gardien du jardin public, figure nocturne, voix de la raison tout d’abord ("Vos parents doivent être morts d’inquiétude"), qui l’entraîne bientôt dans une danse, puis dans une échappée en barque. Cette nouvelle rencontre a-t-elle eu lieu ou bien l’adolescente n’a-t-elle fait qu’un songe doux-amer, celui d’une nuit d’été ?

Lent, sinueux, peu loquace et tout en suggestion, Le Parc n’est peut-être pas un film grand public. Mais le jeu entre le rêve et la vie éveillée, la nature et le social, l’étrange et le quotidien, fait le charme de cette œuvre, à la fois minimaliste et maîtrisée.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 377, décembre 2016


Le Parc. Réal, sc : Damien Manivel ; sc : Isabel Pagliai ; ph : Isabel Pagliai ; mont : Wiliam Laboury. Int : Naomie Vogt-Roby, Maxime Bachellerie, Sobéré Sessouma (France, 2016, 72 mn).



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