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Ouvert la nuit (2016)
de Édouard Baer
publié le mercredi 11 janvier 2017

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


 


Le troisième film de Édouard Baer, un peu à la manière de son premier, La Bostella, se penche sur le petit monde du spectacle. Après la télévision, c’est le tour du théâtre, un milieu qu’il connaît bien également puisqu’il a pratiqué les deux.
Malheureusement, encore une fois, il se met trop en avant et son film vire vite au cabotinage. Lorgnant vers Guitry, le film s’essouffle en voulant devenir loufoque dans la description d’une nuit sans fin, enfermant ses personnages dans une course poursuite vite lassante. Paris by night est magnifié, la caméra est assez virtuose mais, en virevoltant sans cesse, elle aurait tendance à nous tenir à l’écart d’une histoire qui décrit un monde à part.

Édouard Baer incarne un directeur de théâtre qui, en une nuit, doit sauver le spectacle censé se jouer sur ses planches, mis en scène par un Japonais autoritaire et prétentieux que le scénario fera mourir en dernière partie.
Le film aurait pu être follement burlesque, mais la plupart des idées originales font long feu, notamment celle de l’homme interprétant un gorille et la course poursuite nocturne pour débusquer un vrai qui finira par s’échapper.
Le personnage de Michel Galabru aurait pu être plus drôle s’il avait été un peu plus creusé et la pièce dans le film aurait pu devenir plus absurde.


 

On comprend très vite qu’Édouard Baer goûte peu le théâtre contemporain, surtout s’il est abscons. Mais, du coup, on a du mal à accepter le happy end final qui voit ladite pièce rencontrer un immense succès le soir de la première.

Heureusement, Édouard Baer n’est pas seul en scène, il est entouré de nombreux personnages qui tentent de se frayer un chemin dans une histoire convenue, propre à faire rire les amateurs de shows télévisés : entre l’homme singe, le gardien du théâtre, l’actrice, le régisseur, on a du mal à trouver qui aurait une légitimité dans cet assemblage de clichés d’un Paris branché auquel ne manquent ni le squat africain, ni les couchers de soleil sur Montmartre.


 

Audrey Tautou, en adjointe autoritaire, sort quand même son épingle du jeu, tout en frôlant un cabotinage parfois contagieux.
Seule Sabrina Ouazzani rayonne tout au long du film, dans ce rôle inattendu d’étudiante de Sciences po qui fait un stage au bar du théâtre. Son smoking avec nœud papillon lui donne un air fort attachant de Charlot féminin et fait oublier les excentricités parfois lourdingues de son patron agité et vibrionnant.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Ouvert la nuit. Réal, sc : Édouard Baer ; sc : Benoît Graffin ; ph : Yves Angelo : mont : Hervé de Luze. Int : Édouard Baer, Sabrina Ouazani, Audrey tautou, Christophe Meynet, Grégory Gadebois, Christine Murillo, Michel Galabru (France, 2016, 100 mn).

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