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Young Lady (the) (2016)
de William Oldroyd
publié le mercredi 12 avril 2017

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 12 avril 2017


 


Adapté, comme Lady Macbeth sibérienne de Andrzej Wajda (1960), du livre de Nikolaï Leskov La Lady Macbeth du district de Mtsensk, lui-même inspiré de la célèbre tragédie de Shakespeare, The Yound Lady est le premier long métrage de William Oldroyd.

L’action se situe en 1865 dans la campagne anglaise. Une jeune et belle femme, Katherine (Florence Pugh), mariée à un lord (Paul Hilton), beaucoup plus âgé et plus riche qu’elle, s’amourache de Sebastian (Cosmo Jarvis), le palefrenier.


 

Le récit, d’abord voluptueux puis finalement tragique, se déroule de façon implacable, dans la lenteur et l’inéluctable, comme l’écoulement d’un poison délicieux dans le corps. Le caractère alangui de Katherine, enfermée dans sa vaste demeure, passe de l’ennui et de la somnolence au réveil le plus aiguisé et cruel pour assouvir sa passion amoureuse.


 

Dans l’immobilité de certains plans à la composition souvent très belle, William Oldroyd fabrique véritablement une pensée, ou plus précisément encore, il tisse insensiblement le cheminement d’une seule pensée, celle de Katherine et de sa prise de pouvoir sur les hommes.
À cette époque, le rôle des femmes dans la société est secondaire, même dans l’aristocratie, il n’excède pas le maintien de l’ordre dans la maison : les domestiques y sont maltraités, les femmes sont les souffre-douleur des hommes et corvéables à merci.


 

L’originalité du portrait de cette Young Lady tient dans le resserrement de l’action dans un seul lieu, deux pièces, un escalier majestueux qui n’est autre que l’allégorie finale de la chute, les écuries et une lande à perte de vue.

Les images récurrentes de Katherine, assise face caméra dans sa robe bleue dont l’encorbellement couvre presque la totalité du canapé, suggèrent une expression à la fois troublante et d’une rare complexité ; elle est là, dirige, contrôle et se tient définitivement là, seule, et maîtresse fatale de son destin.


 

Les plans fixes interrogent le spectateur dans une proximité de filmage et une mise à l’épreuve d’un jugement futur. L’actrice adapte son jeu, de la soumission devant son mari au plus parfait abandon avec son amant, jouant de la perfidie et d’une cinglante barbarie.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

The Young Lady (Lady MacBeth). Réal : William Oldroyd ; sc : Alice Birch d’après Nikolai Leskov ; ph : Ari Wegner ; mont : Nick Emerson ; mu : Dan Jones. Int : Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Paul Hilton, Naomi Ackie, Christopher Fairbank (Grande-Bretagne, 2016, 89 mn).

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