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Djam (2017)
de Tony Gatlif
publié le mardi 8 août 2017

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection officielle hors compétition du festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 9 août 2017


 


Djam, une jeune femme (Daphné Patakia), chante et danse le long des hauts grillages d’une frontière. Elle chante en grec, sa voix légèrement rauque évoque douceur et sensualité.


 

Plus tard, son oncle Kakourgos (Simon Abakarian) lui demande d’aller à Istanbul pour chercher une bielle pour le moteur défaillant de son bateau.
Au cours de son voyage, elle croise Avril (Maryne Cayon) une Française paumée de 19 ans, venue là pour aider les réfugiés.


 


 

Loin d’un habituel road-movie, le cinéaste parvient, grâce à un scénario d’une belle finesse, à doubler le voyage de ces deux jeunes femmes, l’une rayonnante, l’autre assombrie par la tragédie des exilés, d’une autre route, celle de la pensée critique sur le monde, de l’extrême mélancolie.

Ces deux routes se mêlent et s’entremêlent autour de la musique du rébétiko, ce cri perpétuel que Djam chante le long de sa route ; ce chant la précède, la protège et lui donne le bonheur de vivre. Djam est belle, indépendante, elle arpente la route de la Grèce à la Turquie, la vieille bielle dans son sac, le cœur généreux et les yeux grands ouverts sur les paysages qu’elle traverse. Toutes les aventures humaines sont pour elle découverte et jeu.


 

Pour évoquer l’autre route, celle de la désespérance et de la colère intérieure, il ne faut à Gatlif que quelques plans muets, le long de la côte de l’île de Lesbos, où Avril découvre un amas de gilets de sauvetage échoués sur les galets. Un poème syrien inscrit sur le mur de la gare. Trois plans et deux ou trois mots, pour montrer un homme désespéré creusant son propre tombeau. Quelques bateaux de tourisme abandonnés, pour hurler la pauvreté d’un pays rendu exsangue par les banquiers.

Et enfin, quelques images d’une famille entière saisie par les huissiers, qui vont permettre à Kakourgos de retrouver sa dignité : après avoir pris place à bord du bateau qu’il a pu réparer, le rêve d’une autre vie dans un monde meilleur commence pour cette famille.


 

Tony Gatlif, contraint de quitter l’Algérie enfant et porteur de la mémoire du déracinement et de la perte, manifeste une sympathie profonde pour tous les humains confrontés à leur destin d’exilés.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Djam. Réal, sc : Tony Gatlif ; ph : Patrick Ghiringhelli ; mont : Monique Dartonne ; mu : Delphine Mantoulet & Valentin Dahmani. Int : Daphné Patakia, Simon Abkarian, Maryne Cayon, Kimon Kouris (France-Grèce-Turquie, 2017, 97 mn).

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