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Upstream Color (2013)
de Shane Carruth
publié le mardi 22 août 2017

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 23 août 2017


 


Sélectionné aux Festivals de Sundance et de Berlin, Upstream Color est le second film de Shane Carruth, après Primer, en 2004. Il y est à la fois scénariste, acteur, musicien et monteur.
L’œuvre est déroutante, qui commence comme un film de science-fiction et finit dans une métaphysique quasiment incompréhensible, mais envoûtante - l’auteur conseille de le voir plusieurs fois.

Dans le terreau d’une certaine plante se trouve une larve aux étranges vertus psychotropes. Introduite dans l’organisme humain, elle permet de manipuler l’hôte inconscient.


 


 

Une nuit, Kris est victime d’un mystérieux assaillant qui lui injecte un de ces vers dans le corps. Elle se retrouve peu à peu dépossédée de son travail, de son argent et même de sa vie quotidienne. Peu après, elle rencontre Jeff qui semble avoir vécu la même expérience.
Ensemble, ils vont essayer de tenter de comprendre ce qui leur est arrivé. Voici pour le premier tiers du film.


 

Le réalisateur semble penser alors qu’il faut perdre le spectateur dans un dédale d’images et de souvenirs, et tout son film est construit par des plans très brefs qui sont tous, pour la plupart, des énigmes. Il se définit plus par ce qu’il n’est pas que par ce qu’il est.

Upstream color revient sans cesse sur des images frappantes ou en invente d’autres, souvent très belles mais qui sont autant de miroirs qui s’ouvrent sur des abîmes de mystère. Nul doute que ce film agacera les cartésiens, les réalistes et les amateurs de science-fiction, tant ils seront déçus de l’absence de scénario, d’intrigue et de fil d’Ariane.


 

Car on est égaré dans ce labyrinthe qui ne cesse de donner des indications ou des pistes qui ne serviront finalement qu’à mieux se perdre à nouveau, comme les deux personnages du film, possédés par cette larve psychédélique mystérieuse.


 

Le film fait sans cesse référence à Walden (1), le livre de Henry David Thoreau, qui raconte la vie que celui-ci a menée dans une cabane pendant deux ans, deux mois et deux jours, dans la forêt appartenant à son ami et mentor Ralph Waldo Emerson, jouxtant l’étang de Walden, non loin de Concord, Massachusetts.

Le mystère reste entier, mais les images sont d’une beauté intense, et on ne ressort pas indemne de ce voyage intérieur dont personne n’a la clé, un voyage en apnée, où, selon le réalisateur, "on trouve des revolvers, des porcs, des vers et du sang, un tas de trucs."


 

Upstream Color est un film expérimental comme ceux dont on était friand à la belle époque de l’underground, l’humour et la dérision en moins.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Henry David Thoreau, Walden, or, Life in the Woods, Boston, Ticknor and Fields, 1854. Première traduction en français par Louis Fabulet, NRF, 1922.

Upstream Color. Réal, sc, ph, mont, mu : Shane Carruth ; mont : David Lowery. Int : Amy Seimetz, Andrew Sensenig, Thigo martins, Kathy Carruth (USA, 2013, 96 mn).

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