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Sans adieu (2017)
de Christophe Agou
publié le mercredi 25 octobre 2017

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n°381, été 2017

Sélection ACID, festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 25 octobre 2017


 


Les gens des villes ne peuvent pas vraiment savoir ce que c’est que la campagne et les campagnards, même s’ils ont vu des films.
De Georges Rouquier à Raymond Depardon, en passant par Luis Buñuel, ou les documentaristes télé, tous réalisent plus ou moins de la fiction. Seuls ceux qui sont tombés dans la marmite quand ils étaient petits peuvent comprendre la dureté des plaisirs et des jours, et leur patience.


 

Christophe Agou (1969-2015) était de ceux-là, qui est parti faire de longs voyages, mais est régulièrement revenu dans son Auvergne natale, qu’il a longuement photographiée, pour ne pas perdre de vue ses vrais contemporains.


 

Il a réalisé Sans adieu sur plusieurs années. Les vieux paysans le connaissaient bien. Quand il arrivait, ils l’attendaient, et quand il repartait, on lui disait "Sans adieu !", pour signifier une proche revoyure.

Ils sont laids et sales. Leurs propos ne sont pas toujours compréhensibles. Mais ils ont beaucoup à dire. Et surgissent un regard rieur, un discours, deux discours, trois discours bien charpentés sur l’analyse de la situation et les stratégies de sauvegarde.
Il y a une vedette : la vieille Claudette, à la langue bien pendue et qui a tout compris.


 


 

Elle rêve de vendre sa ferme pour une retraite bien méritée, elle se débrouille assez bien, écrit des lettres bien argumentées, elle conduit ses véhicules. Mais elle a des dettes, EDF va lui couper le courant, et puis que faire de ses oies et de ses poules qui logent dans une vieille citroën ?
Autour d’elle, les autres personnages - Jean, Jean-Clément, Raymond, Mathilde et quelques autres - gravitent, résistants jusqu’au bout à leur inexorable déclin.


 

Christophe Agou les aimait tendrement, ces gens, cette population abandonnée, en fin de vie, entrant dans le désert. Avant de mourir, avant eux et si jeune, il nous a transmis cette tendresse.
Nous aussi, on les aime, et on jubile même parfois de se sentir comme eux, râlant et pestant, dans cette très humaine animalité.

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n°381, été 2017


Sans adieu. Réal, ph : Christophe Agou ; mu : Stuart Staples ; mont : Virginie Danglades (France, 2017, 99 mn). Documentaire.



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