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Happy End (2017)
de Michael Haneke
publié le mardi 3 octobre 2017

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Sélection officielle en compétition du Festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 4 octobre 2017


 


Sur le thème thomasmannien de l’étiolement d’une grande famille bourgeoise, Michael Haneke a construit un solide drame situé au nord de la France, plus précisément, et ce n’est pas un hasard, dans la bonne ville de Calais.


 

Il retrouve deux de ses comédiens désormais fétiches, Huppert et Trintignant, et en met en scène plusieurs autres, comme Mathieu Kassovitz, Franz Rogowski, Fantine Harduin (qui, malgré son jeune âge, a déjà quatre films à son actif), Toby Jones (remarquable dans Le Conte des contes de Matteo Garrone) ainsi que l’ancien agent d’artiste Dominique Besnehard, désormais des deux côtés de la caméra (dans un rôle de coiffeur).


 

Malgré le contexte socio-politique, les accidents du travail, les difficultés financières de l’entreprise de travaux publics dirigée par Anne Laurent (alias Isabelle Huppert), les drames au sein de cette descendance de bourgeois de Calais (les diverses tentatives de suicide, certaines ayant fini par aboutir, d’autres étant en préparation, dont celle du paterfamilias incarné par Trintignant), on fait comme si de rien n’était ; on conserve habitudes, rituels et célébrations privées ou semi-publiques. Les rapports sont tels qu’il relèvent, sinon de l’inceste, du moins d’une forme de consanguinité.


 

Toute la parentèle cohabite dans une superbe demeure richement meublée. Tout le monde, sauf le mouton noir du groupe, le rejeton de la PDG, opposé, par principe ou par crainte, à l’héritage qui l’attend.

Le monde extérieur est représenté par un couple de domestiques maghrébins, par des images basse résolution prises à l’aide de smartphones, des captures d’écran de pages d’accueil de réseaux sociaux et, dulcis in fundo, à l’initiative du fils indigne, des “invités surprise” venant troubler les noces de la compagnie en difficulté et de la banque salvatrice ayant son siége à la City : des migrants issus d’Afrique noire.


 


 


 

Si le film n’est pas le chef-d’œuvre attendu, il est magistralement réalisé, sans la moindre fausse note, impeccablement photographié, strictement agencé, laconique, ce qu’il faut.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Happy End. Réal, sc : Michael Haneke ; ph : Christian Berger ; mont : Monika Willi. Int : Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, Mathieu Kassowitz, Franz Rogowski, Fantine Harduin, Toby Jones (France-Allemagne-Autriche, 2017, 107 mn).

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