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Good Vibrations (2017)
de Lydia Erbibou
publié le mercredi 15 novembre 2017

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 15 novembre 2017


 


Avec ce premier film de 69 minutes, donc plutôt long que moyen métrage, la jeune réalisatrice Lydia Erbibou se propose d’introduire les spectateurs, vous et moi qui, en principe sommes "entendants", dans le monde des sourds ou, du moins, des "malentendants". Tout le documentaire a, de ce fait, été tourné à l’Institut national des jeunes sourds, rue de l’Abbé-de-l’épée, qui tire son nom du précurseur en matière de pédagogie destinée aux jeunes atteints de ce handicap.


 

Le cinéma, art audiovisuel par excellence, depuis qu’il est devenu parlant, sinon dès le départ, semble a priori un bon moyen d’analyser la question du sonore en général, du rapport entre les signes visibles et ceux perceptibles par le sens de l’audition. Walther Ruttmann, jadis, avec Wochenende (1929), prouva que le cinéma pouvait se passer d’image photographique et même d’image tout court. Ce qui intéresse l’auteure est en l’occurrence la relation du sourd à la musique. À la découverte de l’univers musical.


 

Du fait des progrès réels en ce qui concerne l’appareillage, il nous est difficile à première "vue", de distinguer entre sourds profonds et adolescents atteints de déficience légère. Une des raisons possibles de cette apparente illusion tient sans doute à l’extrême sensibilité des élèves et à leur finesse d’accès au rythme qui, y compris dans le domaine contemporain, est indissociable de la mélodie et de l’harmonie. D’où - c’est notre hypothèse - le titre du film qui, même en anglais, rend compte de la correspondance étroite entre les espaces sonores et visuels, tous deux régis par la physique ondulatoire.


 


 


 


 

La cinéaste a suivi pas à pas une douzaine d’élèves se livrant, des mois durant, dans une salle spécialement aménagée, à toutes sortes d’exercices scientifiques et d’activités ludiques, afin de faire directement, à travers leur corps tout entier, l’expérience du son. Ceci est facilité par les capteurs, les transducteurs et les amplificateurs, qui rendent tangibles le moindre courant d’air qui vibre, ainsi que par nombre d’instruments de musique mis à leur disposition.


 

Si la technique passionne les jeunes ados, vite devenus accros aux machines, ceux-ci pratiquent aussi des jeux de rôles, apprennent à composer avec les sons, en les associant et les juxtaposant de manière cohérente, se mettent volontiers à danser et même, en inversant les termes de la fable, à chanter.
Le documentaire, simplement tourné caméra à l’épaule, sobrement monté en plans séquences, prouve que le plus important pour les malentendants, comme pour tout un chacun, est de laisser libre cours à l’imagination.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Good Vibrations. Réal, sc : Lydia Erbibou ; ph : Payam ; mont : Sophie Reiter ; mu : Didier Falk. Int : les élèves de l’INJS (France, 2017, 69 mn). Documentaire.

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