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Usine de rien (l’) (2017)
de Pedro Pinho
publié le mercredi 13 décembre 2017

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Sélection de la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 13 décembre 2017


 


Le film renoue avec le cinéma militant des années 1970 en France, celui du collectif Iskra ou du groupe Cinélutte.
Il se situe au Portugal, dans la banlieue industrielle de Lisbonne. Une usine d’ascenseurs est sur le point de délocaliser sa production. Nuitamment, la direction tente de sortir les machines de l’usine, mais les ouvriers sur place empêchent le vol. Ce qui se joue, c’est l’avenir de l’usine, l’emploi des ouvriers, le destin de ces hommes et femmes dans leurs foyers respectifs, et la lutte sous des formes diverses pour reprendre le travail.

Pedro Pinho réalise son premier long métrage, mêlant au documentaire un déroulé narratif fictionnel de 176 minutes. Une empathie à l’égard des ouvriers en grève s’installe, à travers une série de portraits en situation, mais également à l’égard de l’usine elle-même. L’usine comme un univers, un paysage, un monde peuplé et vivant.


 


 

Alors qu’un discours musclé se fabrique en discussions interminables pour la grève, se tissent entre chacun des ouvriers, divergence, désaccord, suspicion et trahison face aux propositions d’indemnités, inégales et injustes.
C’est alors que Pinho filme une situation exceptionnelle, celle de la remise en route des machines, pour rien !
Bruyantes et terribles machines, turbines, pistons, rotatives, toutes en mouvement tournent à vide, face aux visages muets des ouvriers, désemparés par la difficulté de se projeter ailleurs, par la nécessité d’une analyse critique du capitalisme et la tentation de l’autogestion, qui comme le dit très justement l’un d’entre eux "ne sort pas du marché".


 

Mais une commande-miracle en provenance d’Argentine leur redonne leur enthousiasme et ils se mettent à danser et chanter, dans une chorégraphie digne d’une comédie musicale où chacun affirme son attachement, son implication, son enracinement à l’usine. Rêve ou réalité, la direction a quitté les lieux, les ouvriers reprennent le travail.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

L’Usine de rien (A fabrica de nada). Réal, sc : Pedro Pinho ; sc : Luisa Homem, Leonor Noivo, Tiago Hespanha ; ph : Vasco Viana ; mont : Edgar Feldman, Luisa Homem & Claudia Rita Oliveira. Int : José Smith Vargas, Carla Galvao, Daniele Incalcaterra (Portugal, 2017, 177 mn).

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