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Rire de Madame Lin (le) (2017)
de Zhang Tao
publié le vendredi 5 janvier 2018

par Claudine Castel
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Sélection ACID au Festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 27 décembre 2017


 


Le dernier rire, l’ultime expression d’une vieille femme murée dans le silence, nous interroge. Une mise en lumière de sa fin de vie, minée par la désintégration des liens familiaux dans la société chinoise.
Dans un village du Shandong, Madame Lin s’arrange avec la pauvreté et la solitude. Trois de ses enfants, dans l’attente d’une place à l’hospice, décident - malgré ses refus réitérés en voix off - de la prendre à tour de rôle.


 

Dans le miroir terni, elle apparaît, floue, image bleutée d’une existence qui s’efface. Bringuebalée comme un fardeau sur une charrette chez le second fils, puis, déracinée chez le premier fils dans un appartement en ville, elle endure la mesquinerie cruelle des belles-filles, la paysanne sans cœur et la petite-bourgeoise.

Seuls les petits-enfants lui donnent des preuves d’affection, fugitifs moments de douceur.


 

Pour que la toute petite Yuan Yuan, son rayon de soleil, s’achète une poupée, elle déploie le mouchoir qui renferme ses économies. Le billet donné sera vu comme un vol.

Quand victime d’un malaise, elle est prise de rires incontrôlés, on la ramène chez son fils au village. Ce qui donne lieu à une querelle de famille entre pièces rapportées avec torgnole et injures, à propos d’argent dont il est question tout au long du récit.
Dès lors, son rire semble ponctuer les récriminations acerbes et les actes de méchanceté de la harpie, rire de dérision qui décuple la rage, rire d’autodérision.


 

Zhang Tao filme à la juste distance la violence jusqu’au supplice faite à son héroïne et, en arrière-plan, les drames dans chacune des familles frappées - à en perdre leur âme - par la brutalité des mutations de l’économie chinoise.
Il n’a pas fait appel à des acteurs qui "n’auraient pu jouer le rôle de ces paysans aussi bien qu’eux-mêmes". Sa mise en scène de l’espace, la composition des plans (les scènes de repas), sont la ligne de force de sa dramaturgie.

Claudine Castel
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Le Rire de Madame Lin (Last Laugh). Réal, sc, ph, mont : Zhang Tao ; mont : Isabelle Mayor. Int : Yu Fengyuan, Li Fengyuan, Chen Shilan, Pan Yun, Ruan Fengming, Zhang Jun, Wei Yongzhi (France-Hong-Kong-Chine, 2017, 82 mn).

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