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Hannah (2016)
de Andrea Pallaoro
publié le mercredi 24 janvier 2018

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 384, décembre 2017

Sélection officielle de la Mostra de Venise 2017
Prix d’interprétation à Charlotte Rampling

Sortie le mercredi 24 janvier 2018


 


À la suite de l’arrestation de son mari, dont on ne saisit pas très bien les raisons, Hannah (Charlotte Rampling) se retrouve seule. Comme une présence silencieuse, le visage impassible, elle erre dans l’appartement vide. Elle équeute de grands lys puis, du pistil des fleurs retire les étamines, coupe les feuilles mortes d’une plante grimpante et s’occupe de son chien. Le reste du temps elle prend soin d’elle sans grande envie.


 


 

Le film de Andréa Pallaoro s’attache à montrer la vacuité provoquée par l’absence et la solitude d’une vie. Il filme les gestes et les mouvements de Hannah, ses différents déplacements dans les lieux quotidiens, son travail de femme de ménage dans un appartement très moderne où elle tient compagnie au jeune garçon délaissé par la maîtresse de maison. Parfois elle se rend à la prison où elle revoit son mari.


 

Banal dans ses moindres détails, le film se déroule, monotone et triste, sur ses pas, toujours seule à l’exception de quelques moments de sociabilité où elle tente de reprendre pied dans une thérapie de groupes. D’un bout à l’autre du film, elle semble survivre, tenir debout par une tension qui lui échappe, une mécanique incontrôlable et inconsciente qui lui donne la force d’exister. Sans doute est-ce l’endurance d’une femme, d’une épouse et d’une mère : Hannah a un fils qu’elle ne voit plus. Les raisons de l’éloignement ne sont pas non plus énoncées.


 

Le film de Pallaoro ouvre la porte de l’appartement et nous invite à y pénétrer sans être attendu. Impression de violer une intimité, d’en observer la détresse, le désespoir et l’ennui.


 

C’est la résistance de Hannah au monde impersonnel comme sa tentation chaque jour d’en finir, que le réalisateur cerne avec beaucoup de finesse sans avoir jamais recours aux mots ni aux explications. Son mutisme est complice de son détachement. Elle possède une élégance, une hauteur, un style, jusque dans le silence du renoncement.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 384, décembre 2017

Hannah. Réal, sc : Andrea Pallaoro ; sc : Orlando Tirado ; ph : Chayse Irvin ; mont : Paola Freddi ; mu : Michelino Bisceglia. Int : Charlotte Rampling, André Wilms, Stéphanie Van Vyve, Simon Bishop (Italie-France-Belgique, 2016, 95 mn).

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