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Et vint le jour de la vengeance (1964)
de Fred Zinnemann
publié le mercredi 26 novembre 2014

par Carlos F. Piñarca
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mardi 13 octobre 1964


 


Le film a été réalisé d’après le roman de Emeric Pressburger, basé sur la vie de l’anarchiste espagnol Francesc Sabaté Lopart, dit Quico (1).


 

Manuel Artiguez est un héros de la Guerre d’Espagne, réfugié en France. Vingt ans après la défaite, son passé lui revient, lui propose un chemin de vengeance, et façonne son destin, lui qui croyait n’en plus avoir : un enfant, un curé, sa mère, et un homme à abattre. On lui dit : "La guerre est finie". Mais il sait que 20 ans, ça passe comme vingt heures et qu’il est temps, qu’il est encore temps.


 


 


 

En 1964, les belles sixties commençaient à balayer les tragédies du passé. Les vieux avaient envie d’oublier. Place aux jeunes, c’était le temps des copains et des plages au soleil. Le franquisme était bien vivant, et ses prix étaient compétitifs. Y avait pas photo pour les vacances. Alors quand ce film crépusculaire de Fred Zinnemann est sorti sur les écrans, malgré le prestige du générique, il est resté confidentiel.


 

La Guerre d’Espagne était sans doute encore trop proche et son souvenir trop douloureux. Aujourd’hui, elle est peut-être trop loin.
Pourtant, encore aujourd’hui, quand Gregory Peck dit : Un curé n’a rien à faire dans une banque, ou bien : Ma mère est morte, il est temps de déterrer les fusils, on ne peut qu’être dans son camp.


 


 


 

Mais chaque mot, chaque position, chaque image, a pris, au long des ans, une (dé)coloration irrégulière, difficile à cerner, et il faut de bons yeux pour y détecter les courants d’autrefois qui irriguent les hoquets de l’histoire moderne, tant ils sont devenus souterrains.
Même quand la Catalogne se rebelle, les gens, les médias parlent du lourd présent visible, celui des banques et des entreprises, et l’inconscient se voit refoulé, pire qu’avant. Dans le court terme, pas de revanche définitive, pas de vengeance froide, les comptes sont rarement apurés au cours d’une vie d’homme, ne serait-ce que symboliquement.

Il y aura bientôt 80 ans que la guerre est finie, et qu’ils ont perdu. Certains vieux de la vieille, les vaincus, n’ont rien oublié pourtant de la mort et de l’enfer, certains ont su transmettre la douleur à leur descendance.


 


 

Ceux-là verront, dans ce film oublié, son noir et blanc sublime et son souffle exaltant, et leur cœur saignera.

Carlos F. Piñarca
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Emeric Pressburger, Killing a Mouse on Sunday, San Diego, Harcourt, Brace & World, 1961.
Sur le dernier épisode de la vie de Francesc Sabaté Lopart (1915-1960), ancien de Teruel et de la Colonne Durruti, qui fut assassiné par une milice franquiste le 5 janvier 1960. Il est enterré au cimetière de Sant Celoni.


 


Et vint le jour de la vengeance (Behold a Pale Horse). Réal. Fred Zinnemann ; mus : Maurice Jarre ; ph : Jean Badal ; mont : Walter Thompson. Int : Gregory Peck, Anthony Quinn, Omar Sharif, Raymond Pellegrin, Christian Marquand, Perrette Pradier, Paolo Stoppa, Mildred Dunnock (USA, 1964, 118 mn).



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