home > Films > Non (2017)
Non (2017)
de Eñaut Castagnet & Ximun Fuchs
publié le mercredi 31 janvier 2018

par Claudine Castel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 31 janvier 2018


 


Implantée au Pays Basque, la troupe du Petit Théâtre de Pain a transposé sa pratique des arts de la rue en aventure de cinéma avec Eñaut Castagnet (1), dont c’est le premier film. Fort de leur expérience d’un théâtre populaire, Ximun Fuchs a enrôlé les habitants de Capdenac-Gare, avec la complicité du Pôle des arts en Midi-Pyrénées (2).


 

Le titre lapidaire sert de détonateur à ce film, où l’on dénonce, la rage au cœur, la fermeture des usines, la mise à mort sociale des ouvriers dans le contexte de la réforme du Code du travail de 2016, prélude aux licenciements low cost.

À un rassemblement syndical sur la place de Capdenac, au générique, succède un repas arrosé entre copains pour fêter leur prime de licenciement de Radial (avec un seul l, ne pas confondre avec l’entreprise de Pierre Gattaz). Il ne s’agit pas d’un documentaire-fiction sur la condition ouvrière, que génère l’actualité sous le signe de l’horreur économique.

Le récit va bifurquer à partir d’un contrôle routier mené par une femme gendarme imbue de sa fonction, piétiner joyeusement les genres narratifs et la vraisemblance. Du reste, Eñaut Castagnet et Ximun Fuchs nous ont prévenus : "Nous assumons notre bâtardise et le mélange des genres".


 

Après la case prison et s’en être évadé, Bruno, le héros, devient un justicier solitaire dans "la logique du western", mais détournée par une scène farcesque de vol de ciré, ou par l’irruption du disparate.
En chemin, le long d’un entrepôt en pleine cambrousse, Grunt surgit d’une poubelle comme une épiphanie de clochard tirée de Les Glaneurs et la Glaneuse.


 

L’éclairage des séquences dans la demeure du patron de Radial (interpété par Georges Bigot) met en lumière la tonalité thriller qui se prolonge dans une limousine où la femme du patron, bourgeoise frustrée, propose un deal au bel ennemi de classe.

La cavale de Bruno désarçonne son entourage. Ses copains du syndicat optent pour une riposte dans la tradition d’un syndicalisme libertaire. Un air de 1968 flotte sur le mode de vie de la petite communauté familale improvisée. La chasse à l’homme révèle les dissensions au sein même de la gendarmerie allègrement brocardée, comme l’avocat commis d’office.

Un film militant décidément mauvais genre.

Claudine Castel
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Léa Fehner, Haroun Mahamat-Saleh et Gilles Porte ont suivi le projet et apporté leurs conseils.

2. Derrière le Hublot.

Non. Réal : Eñaut Castagnet & Ximun Fuchs ; sc : Ximun Fuchs ; ph : Pierre Stetin & David Pagnoux ; mont : Jeanne Oberson ; musique : X. Fuchs et les Barbeaux. Int : Ximun Fuchs, Hélène Hervé, Fafiole Palassio, Manex Fuchs, Guillaume Méziat, Cathy Coffignal, Éric Destout, Mariya Aneva, Georges Bigot (France, 2017, 96 mn).

Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts