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Ride (the) (2016)
de Stéphanie Gillard
publié le mercredi 7 février 2018

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 7 février 2018


 


"We were all wounded at Wounded Knee", chantait le groupe de rock amérindien Redbone en 1973, rappelant le massacre de Sioux par le 7e régiment de cavalerie, le 29 décembre 1890, dans ce lieu-dit.

Le film de la Française Stéphanie Gillard, The Ride (La Chevauchée), se réfère aussi à cet événement historique et décrit le pèlerinage qui le commémore, chaque année au mois de décembre, depuis 1986. Ce long métrage participe du renouveau d’intérêt pour les nations premières qu’illustrent actuellement le documentaire Rumble the Indians Who Rocked the World et le dernier spectacle de la chorégraphe Olivia Granville, À l’Ouest.


 

The Ride : ce beau et simple titre a une connotation de western fordien, sauf qu’ici les Indiens ne sont pas les assaillants, mais les protagonistes de leur propre histoire. Ils ne sont donc plus sur le sentier de la guerre, mais forment une procession mémorielle à travers les plaines du Dakota, à laquelle se joignent, en cours de route, nombre de cavaliers.


 


 

Il s’agit d’abord et surtout pour eux d’un voyage temporel, culturel, visant à transmettre in situ ce souvenir tragique aux jeunes générations. La caméra suit de près et de loin cette "longue marche" qui se fait… à cheval, le convoi étant suivi de camions assurant l’intendance.
Il n’y a rien d’exotique ni de folklorique si l’on excepte les bâtons ornés de plumes qui représentent les clans et que portent, chacun à leur tour, les adolescents. Sinon, hommes, femmes et enfants sont vêtus comme les Américains moyens, en jeans, parkas et bonnets de laine. Le groupe bivouaque, non sous les traditionnels tipis mais, en raison du climat, dans des gymnases, des écoles, des maisons communales. On fête Noël en compagnie de Santa Claus.


 

Si les paysages qui, jadis, étaient indiens restent spectaculaires, la randonnée n’a rien de particulièrement festif, gouvernée qu’elle est par le devoir de mémoire.
Certes, on sent le plaisir des enfants à faire du cheval et à s’occuper de leur monture. On y trouve aussi des moments de chant et même (d’un peu) de danse mais, dans l’ensemble, l’atmosphère est à la gravité.


 

Le style est le moins explicatif possible. Des sous-titres rappellent les faits historiques. La réalisatrice présente quelques images d’archives, des photographies en noir & blanc qu’elle oppose aux paysages en couleurs. Le documentaire ne recourt ni à la voix off, ni au commentaire, ni à la parole d’experts. Stéphanie Gillard se borne à détailler ce qui lui semble essentiel durant la quinzaine de jours de la rituelle traversée. Elle laisse la parole aux protagonistes, les Lakotas, qui s’expriment en anglais.


 

À la nature grandiose s’opposent les traces de la "civilisation" que la caméra relève, mine de rien. Les villages fantomatiques, les pylônes et câbles électriques, les clôtures démembrant le territoire, les autoroutes détériorant l’environnement, ça et là un cimetière de voitures et quelques supermarchés.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

1. À l’Ouest de Olivia Grandville (2018).

The Ride (La Chevauchée.) Réal, sc : Stéphanie Gillard ; ph : Martin de Chabaneix ; mont : Laure Saint-Marc : mu : Vincent Bourre (France, 2016, 97 mn). Documentaire.

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