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Notre enfant (2017)
de Diego Lerman
publié le mercredi 18 avril 2018

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 18 avril 2018


 


Un sujet d’actualité sensible, auquel se confronte Diego Lerman pour son cinquième long métrage : le désir d’enfant et les mères porteuses.
L’action se passe en Argentine. Malena, médecin à Buenos Aires, a entrepris les longues et fastidieuses démarches pour adopter un enfant, mais au moment de rencontrer le nouveau-né et sa mère biologique, tout se complique.


 

Car ce serait évidemment trop simple s’il n’y avait qu’à louer le ventre d’une femme, souvent épuisée et sous-alimentée et, bien entendu, sans chair et sans âme, pour que la grossesse et l’adoption se déroulent sans problème.
Le point de vue de Diego Lerman se situe au-delà de la mise en œuvre du système de gestation pour autrui, dans un film de fiction qui joue avec les genres, se confronte sans cesse à la réalité de la situation difficile, angoissante et bien réelle d’un pays aux disparités sociales énormes, où sévit une grande pauvreté. Un film traversé par la grâce et la ténacité de ce personnage - servi par une actrice étonnante, Barbara Lennie -, qui croit à la promesse qu’on lui a faite et qui ira au bout de son destin de mère.


 

Un film qui frôle le thriller, suspense policier et fuite en avant. Des événements imprévus s’enchaînent, Malena, vulnérable et fragile, se retrouve aux prises avec les pires complications, tentatives de manipulations, abus de confiance et de faiblesse.


 

Pas un plan filmé sans Malena ; son visage très expressif passe de la douceur à la frayeur, notamment lors du tourbillon de sauterelles qui s’abat comme une force maléfique sur sa voiture, telle une méchante nuée annonciatrice de chaos et de souffrance. Le scénario est construit autour de la personnalité de Malena, évoquant aussi - et c’est ce qui en fait l’intérêt - les compromissions inextricables de l’État, comme celles des instances parallèles, dans le processus d’adoption d’enfants, souvenirs d’une Argentine, qui, sous la dictature militaire a commis les pires crimes envers les femmes des opposants et leurs enfants.


 

Mais ce que dit le film de façon très subtile, c’est la disparité sociale, criante et visible entre les riches et les pauvres. Et ce système d’adoption, lui-même bâti sur cette disparité, l’exploite d’un côté comme de l’autre de façon éhontée.

L’interprète non-professionnelle Marcela (Yanina Avila) incarne la mère biologique, son aura maternelle rayonne avec beaucoup d’intériorité et dans son regard pointe la malicieuse revanche de sa classe sociale.
Un film coup de poing proposant un certain nombre de vérités, sans jugement, laissant agir réflexion et prise de conscience.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Notre enfant (Una especie de familia). Réal, sc : Diego Lerman ; sc : Maria Meira ; ph : Wojciech Staron ; mont : Alejandro Berodersohn. Int : Barbara Lennie, Daniel Araoz, Claudio Tolcachir, Yanina Avila (Argentine, 2017, 95 mn).



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