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Central do Brasil (1997)
de Walter Salles
publié le mercredi 11 juillet 2018

par Hélène J. Romano
Jeune Cinéma n° 253, janvier-février 1999

Ours d’or à la Berlinale 1998.
Ours d’argent de la meilleur actrice pour Fernanda Montenegro.

Sorties les mercredis 2 décembre 1998 et 11 juillet 2018


 


Réalisant son court métrage, Socorro Nobre, sur la correspondance entre une femme recluse et un célèbre sculpteur, Walter Salles avait remarqué l’importance de l’écriture dans un pays où la majeure partie de la population est illettrée.
Après le succès de Terre lointaine et ses sept récompenses glanées dans les festivals étrangers, Salles se consacra au scénario de Central do Brasil, qu’il présenta au Festival de Sundance. Bien qu’il n’ait pas eu le temps d’être traduit en anglais, le scénario fut remarqué, un producteur français s’engagea aux côtés des producteurs brésiliens, et Salles, après avoir peaufiné son projet avec deux jeunes scénaristes, put parcourir le pays pour repérer les lieux de tournage.


 

On est étonné de découvrir un Brésil nouveau, non-épique, sans pittoresque, tout simplement quotidien et humain, loin de la flamboyance des histoires de cangaceiros, de paysans pauvres ou de la jungle des villes et de la politique qui firent le succès du cinéma brésilien.
Le ton est donné dès le départ, avec cette description de la gare centrale de Rio et de tous les drames qui peuvent s’y jouer, violence et solitude mêlées.


 

Et l’histoire démarre, captivante, de cette femme à bout de course, ancienne institutrice devenue écrivain public, capable de toutes les magouilles, petites ou graves, pour assurer sa survie, et de cet enfant abandonné (sa mère est passée sous un autobus) livré à tous les dangers et dont la seule idée est de retrouver son père lointain et mythique.
Commence une longue ecapade, road-movie dans les profondeurs du Brésil, qui nous offre des scènes rarement vues, moments de tension, moments de tendresse, moments d’épuisement et de découragement pendant les aléas du voyage, rencontres qui pourraient changer la vie, et qui, en définitive, la changent…


 

De bus en bus, de villages perdus en lotissements à peine construits, d’un horizon poussiéreux à l’autre, de haltes désertes en sanctuaires envahis par des milliers de pèlerins, les personnages apprennent à se connaître et découvrent l’amitié, et sans doute un peu plus.


 


 

L’interprétation de Fernanda Montenegro est remarquable, s’adaptant à toutes les situations, décidée ou abattue, retrouvant un nouveau souffle en courant derrière ce gamin pas facile, silhouette étonnamment jeune et visage fatigué, cramponnée à son ridicule sac à main contenant ses dernières ressources.
Quant à l’enfant, joué magnifiquement par Vinicius de Oliveira, petit cireur de chaussures de l’aéroport de Rio, c’est la révélation de ce film, en forme de message de courage et d’espoir.

Hélène J. Romano
Jeune Cinéma n° 253, janvier-février 1999

Central do Brasil. Réal, sc : Walter Salles ; sc : Joao Emanule Carneiro, Marcos Bernstein ; ph : Walter Carvaljo : mont : Isabelle Rathery, Felipe Lacerda. Int : Fernanda Montenegro, Vinicius de Oliveira, Marilia Pera, Soia Lira (Brésil-France, 1997, 105 mn).



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