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Il ou elle (2017)
de Anahita Ghazvinizadeh
publié le mercredi 29 août 2018

par Lucien Logette
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Sélection officielle Hors compétition au Festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 29 août 2018


 


Le réglement qui prévoit que le premier long métrage d’un lauréat de la Cinéfondation soit projeté à Cannes ne donne pas lieu à une application très fréquente (une médaille, aussi prestigieuse soit-elle, ne suffit pas à assurer la confiance des producteurs), puisque, ces récentes années, nous n’en connaissons que deux, Taisia Igumentseva (laurée en 2012) avec Corps et biens (2013) et Elad Keidan (primé en 2008) avec L’Esprit de l’escalier (2015). Bonne pioche à chaque fois et on peut s’étonner qu’aucun distributeur français ne se soit intéressé à l’un ou à l’autre, pourtant réussis.


 


 

Cette année, c’est au tour de Anahita Ghazvinizadeh (prix 2013) de présenter son premier essai.
Comme le sujet que traite la jeune Iranienne (qui travaille aux États-Unis), à savoir les troubles de l’identité sexuelle, est dans l’air du temps (1), peut-être They aura-t-il la chance de décrocher une place sur le marché.

Le film le mériterait, car on y retrouve les qualités qui plaisaient dans Needle : une narration suspendue, une manière de suggérer sans insister, de se placer de plain-pied avec son personnage principal, frère (ou sœur) de la gamine du court de 2013 (2).


 


 

Frère ou sœur, car c’est justement le problème de J, 14 ans, héros / héroïne du film, écartelé(e) entre deux genres et qui doit choisir, avant de cesser le traitement hormonal qui a retardé sa puberté, celui qui définira son identité d’adolescent.
Jusqu’à présent, son androgynie est assumée, les deux genres cohabitent et J, en se désignant, ne dit jamais "I", mais "They", pour bien montrer sa dualité - et son entourage joue le jeu.


 


 

Selon les moments, They s’habille en fille ou en garçon, sans que cette ambiguïté crée problème ou conflit, ni avec sa parentèle ni avec ses amis.
Le film est sans tension objective, la seule question étant intérieure : quel chemin emprunter ? Détail piquant : IMDB répertorie l’interprète (remarquable) sous deux identités, Rhys Fehrenbacher et Eric Fehrenbacher. They, pour la postérité.

Lucien Logette
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

1. Coby de Christian Sonderegger (2017), sélection Acid 2017.

2. Needle (2013) a reçu le Prix de la Cinéfondation en 2013).

Il ou Elle (They). Réal, sc, mont : Anahita Ghazvinizadeh ; ph : Carolina Costa ; mont : Dean Gonzales ; mu : Vincent Gillioz. Int : Rhys Fehrenbacher, Kooyar Hosseini, Nicole Coffineau (USA-Qatar, 2017, 80 mn).



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