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Sauvage (2018)
de Camille Vidal-Naquet
publié le mercredi 29 août 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 388-389, été 2018

Sélection de la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2018

Sortie le mercredi 29 août 2018


 


Une chose n’a pas changé sous le soleil de Cannes : dans toutes les sections, les êtres humains recherchent l’amour, et sous toutes ses formes.

Le premier long métrage de Camille Vidal-Naquet ne déroge pas à cette règle puisqu’il retranscrit minutieusement la vie d’un jeune et beau garçon qui se livre à la prostitution.


 

On avait déjà remarqué Félix Maritaud, en 2017, dans 120 Battements par minute.
Son rôle dans Sauvage lui a valu le prix Fondation Louis-Roederer de la Révélation,
qu’il mérite haut la main, tant il n’a pas peur d’exhiber son corps sous toutes les coutures, dans des actes nécessités par son travail et sa recherche frénétique et quasi obsessionnelle de l’amour.


 

Même s’il met souvent mal à l’aise par son côté naturaliste, certaines scènes étant à la limite de la pornographie, le film tente d’aborder avec sérieux la damnation du manque d’amour et d’affection dans notre monde.
"L’amour physique est sans issue", on le voit bien tout du long, mais ce n’est pas celui-là que recherche cette sorte de pénitent des temps modernes. La quête de Leo, 22 ans, est celle qui apporte la liberté et l’aventure. C’est pour cela que ce film coup de poing choque, scandalise et émeut en même temps.


 

Ce n’est certes pas la première fois qu’on donne à voir des prostitués masculins, mais Sauvage va plus loin encore dans la démesure que les films underground de Warhol et Morrissey, même si on y sent parfois leur influence, dans ce naturalisme exacerbé, mais aussi par la poésie sulfureuse qui s’en dégage.


 

"Quand on dit "faire une passe", écrit Camille Vidal-Naquet, on évite de nommer précisément l’acte sexuel. C’est une réalité dont on connaît l’existence, sans en avoir de représentation concrète." Ces travailleurs invisibles qui hantent la nuit les bois et les périphéries, le réalisateurs les fait vivre ici de façon sauvage, avec leurs rêves et leurs peurs.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 388-389, été 2018

Sauvage. Réal, sc : Camille Vidal-Naquet ; ph : Jacques Girault ; mont : Elil Uluengin ; mu : Romain Trouillet. Int : Félix Maritaud, Éric Bernard, Nicolas Dibla, Philippe Ohrel (France, 2018, 99 mn).



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