home > Films > Owners (the) (2014)
Owners (the) (2014)
de Adilkhan Yerzhanov
publié le mardi 15 juillet 2014

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n°360 été 2014

Sélection officielle hors compétition au Festival de Cannes 2014.


 


Si tu veux être heureux, nom de Dieu !, pends ton propriétaire, chantait à tue-tête Ravachol en route vers l’échafaud, le 11 juillet 1892.
Il continuait : Coupe les curés en deux, nom de Dieu, fous les églises par terre, sang Dieu ! et l’bon Dieu dans la merde, nom de Dieu !, mais c’est une autre histoire (1).
"La propriété, c’est le vol", ça se discute ou se nuance. Une maison n’est pas un moyen de production, mais ça devrait être un droit humain. Au Kazakhstan aussi.


 

Expulsés d’Almaty, ils rentrent dans leur village, après une longue absence, dans la modeste maisonnette de leur mère. Ils ont un titre de propriété.


 

L’ainé sort de prison, le cadet n’est pas encore majeur, la petite est malade, boursouflée, douce, résignée et proche de la fin.
Mais un villageois considère que la maison lui appartient, et il est soutenu par des partisans violents. La famille se heurte aussi à une bureaucratie locale butée, le système est sourd et bloqué. Les voisins se désintéressent de toute justice, et sont innocemment cruels.


 

Les 3 vrais "owners" n’ont aucune prise sur rien. L’ainé n’a pas payé les traites de la voiture, il retourne en prison. Les violents butés cognent le cadet, le virent de la maison. Il se réfugie avec sa sœur dans la voiture mais la voiture est saisie. La petite sœur mourra dans l’herbe froide. Le cadet, traqué et blessé, rampera jusqu’à la maison et mourra aussi. Mais chez lui.


 

Si les personnages, d’apparence fellinienne, sont un peu trop caricaturaux, c’est souvent drôle. Et beau. Adilkhan Yerzhanov déclare vouloir renouveler le genre du film social en s’attachant à un langage artistique.


 

Au Kazakhstan, la propriété relève à la fois de Kafka et de Van Gogh. L’absurde et la beauté dénonçant l’injustice et la jungle, de beaux tableaux pour une prise de conscience.
The Owners est son troisième film, après Rieltor (2011) et Stroiteli (2013).

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n°360 été 2014

1. La chanson du Père Duchesne, anonyme, 1892.


The Owners (Ukkili kamshat) Réal, sc : Adilkhan Yerzhanov ; ph : Yerinbek Ptyraliyev ; mu : Andrei Didodelov, Mikhail Sokolov, Alexander Sukharev. Int : Yerbolat Yerzhan, Aidyn Sakhaman, Aliya Zainalova (Kazakhstan, 2014, 93 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts