home > Films > Gutland (2017)
Gutland (2017)
de Govinda van Maele
publié le mercredi 28 novembre 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 28 novembre 2018


 


Avec Gutland, autrement dit "le bon pays", Govinda Van Maele, jeune réalisateur luxembourgeois d’origine sri-lankaise, a été récompensé dans divers festivals, dont ceux de Toronto et d’Angers (Premiers Plans).

C’est un film très intéressant, sur le thème de l’intrus, type Scènes de chasse en Bavière (1) ou certains westerns.


 

En effet, le personnage central du film serait, selon le réalisateur, ce petit village retiré du Luxembourg où vient se réfugier un homme solitaire qui va faire exploser les codes et dévoiler les secrets enfouis et les cadavres dans les placards, en l’occurrence dans les fosses à purin, campagne profonde oblige.


 


 

Le village, communauté isolée dans un espace circonscrit, est utilisé comme métaphore du Luxembourg, en raison de sa petite superficie, de la proximité sociale qui en résulte et de la prédominance du monde agricole, dont l’influence reste forte dans les mentalités.


 


 

Ce sont surtout les acteurs qui s’imposent dans ce film aux couleurs pré-automnales magnifiques de Narayan Van Maele (une affaire de famille ?) qui en accentuent le côté sensuel et désespéré. La caméra dévore carrément le corps à la fois anxiogène et érotique de l’acteur principal, Frederick Lau, originaire de Berlin et qui mérite d’être plus connu. Sa beauté sauvage et indomptée - même si, à la fin du film, il parvient à la maturité et sacrifie sa chevelure, tel Samson (d’où l’affiche double face à la Janus) -, est mise en valeur dans le face-à-face avec Lucy (Vicky Krieps), la belle et étrange fille du maire, qui deviendra très vite sa maîtresse. Un couple de western, des figures de révoltés qui se rencontrent dans la fougue et la violence, la vindicte et le malaise qui plane sur ce village hautement érotisé.


 


 

Mais ce film prometteur va bien plus loin bien qu’un thriller social. Il donne une bonne radiographie de ce pays réputé être un paradis fiscal, mais également une sorte de grand village, où on peut à la fois se cacher et découvrir ce que les autres cachent.


 

Film un peu sulfureux, Gutland, au titre en forme d’antiphrase, ne laissera personne indifférent. Avec cette question taraudante que le film soulève : Préférons-nous assimiler l’intrus, ou le rejeter, afin de conserver notre identité propre ?

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Scènes de chasse en Bavière (Jagdszenen aus Niederbayern) de Peter Fleischmann (1969).

Gutland. Réal, sc : Govinda van Maele ; ph : Narayan van Maele ; mont : Stefan Stabenow ; mu : Dominique Depret. Int : Frederick Lau, Vicky Priest, Marco Lorenzini, Pit Bukowski (Luxembourg-Belgique-Allemagne, 2017, 107 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts