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Tremblements (2018)
de Jayro Bustamante
publié le mercredi 1er mai 2019

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 394, mai 2019

Sortie le mercredi 1er mai 2018

Sélection officielle de la Berlinale 2019


 


L’histoire se situe de nos jours au Guatemala, dans une famille bourgeoise et très religieuse. Pablo (Juan Pablo Olyslager) dans la force de l’âge, marié, deux enfants, tombe amoureux de Francisco (Mauricio Armas Zebadua). La nouvelle bouleverse le milieu familial comme une éruption volcanique, d’où le titre du film.


 

Avec le soutien de l’Église, la famille décide de "soigner" l’homosexualité de Pablo, perçue comme une maladie mentale dont on peut guérir en pratiquant un certain nombre de règles de vie et en s’en remettant à Dieu.


 

Jayro Bustamante après son premier long métrage Ixcanul, primé à Berlin en 2015, se lance, avec ce nouveau sujet, dans l’analyse de la répression, sans pitié et sans répit, des homosexuels au Guatemala, loin toutefois de la peine de mort en Russie et en Tchétchénie.
Dès les premières images, l’atmosphère est lourde et poisseuse. Il pleut sur la ville. Pablo gagne la maison familiale, se dirige vers une chambre et s’y enferme. Dans le salon, les membres de la famille s’interrogent, se confondent en hypothèses, chuchotent et se lamentent.


 


 

Il y a, tout au long du film, une rupture profonde entre les deux mondes, celui de Pablo, soudain dépossédé de ses biens, de son travail, privé de ses enfants et de sa femme, et le milieu familial qui, en se resserrant sur lui-même, se rassure, se conforte et se persuade de la justice de cette proposition absurde faite à Pablo de suivre une thérapie de conversion. Le monde du péché et de la honte face à la vérité divine et à l’hypocrisie de la famille.


 


 

L’image du film est étouffante, baignée d’un éclairage sombre, ponctuée d’éclairs glaçants sur les visages. Résonnent dans l’appartement frottements, bruissements de pas et parfois tremblements de terre.
Y alternent la lumière froide et cinglante des prises de vues dans l’église évangéliste et celle plus pauvre du lieu de vie de Pablo avec Francisco.


 

Pablo traverse sa vie comme un fantôme, un égaré du droit chemin, un perdu émotionnel, sans sensations ni tremblements, réduit à la non-existence. Il retrouve femme et enfant sans joie ni jouissance.
Jayro Bustamante brosse avec justesse le portrait d’une vie sexuelle dans un monde violent et archaïque.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 394, mai 2019

Tremblements (Temblores). Réal, sc : Jayro Bustamante ; ph : Luis Armando Arteaga ; mont : Cesar Diaz & Santiago Otheguy ; mu : Pascual Reyes. Int : Juan Pablo Olyslager, Diane Bathen, Mauricio Armas, Rui Frati (Guatemala-France-Luxembourg, 2018, 100 mn).



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