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Un havre de paix (2018)
de Yona Rozenkier
publié le mercredi 12 juin 2019

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection officielle du Festival du film de Locarno 2018

Sortie le mercredi 12 juin 2019


À la mort de leur père, trois frères, Yoav (Yoel Rozenkier), Avishaï (Micha Rozenkier) et Itaï (Yona Rozenkier), se retrouvent dans le kibboutz de leur enfance, ici en 2006, à la frontière libanaise. Le scénario est inspiré de leur histoire, celle de jeunes combattants d’une guerre sans fin, si proche de la réalité de leur vie qu’ils l’incarnent avec ferveur et affection.


 

Il y a, dans ce premier long métrage de Yona Rozenkier, primé au Festival de Locarno en 2018, une grande sincérité, issue de la résistance et du désespoir face au conflit israélo-arabe.


 

Dans ce kibboutz, les bombes explosent au loin, les alertes se déclenchent sur les téléphones portables, la tension règne. Les trois frères sont marqués à jamais par la guerre : l’aîné, Itaï, entraîne Avishaï, le plus jeune, qui doit partir à son tour au front, dont Yoav revient complètement détruit.


 

Chaque jour, la peur de mourir le hante. Poursuivi par ses fantômes, sa pensée se consume et laisse place à la violence. Le kibboutz se transforme en lieu d’enfermement ; ils ne sont pas dans la guerre, mais la guerre les habite. Le père les a élevés dans l’esprit du devoir et de la virilité, eux n’aspirent qu’à vivre leur jeunesse, et ce qui l’accompagne, les femmes, l’amour et la beauté. Dans une très belle scène, celle de l’apprentissage d’Avishaï, les deux frères, dans la fiction d’une fausse guerre, se tirent dessus avec des armes de paintball, flottent dans les ruines, entre gravité et rire, à l’image de la folie de leur existence.


 

La guerre est une menace invisible permanente, chacun s’en nourrit et s’y perd sous le regard maternel et aimant de deux femmes, la mère des trois fils et leur tante.
Loin des tirs de roquette du Hezbollah, l’enjeu dramatique se resserre sur le milieu familial à l’intérieur du kibboutz ; la fratrie est alors exposée à différentes montées émotionnelles tragiques.


 


 

Ainsi, la séquence dansée au rythme des sirènes d’Abba, qui chante Dancing Queen ou encore la scène de plongée sous les grottes dans laquelle l’affolement surgit et que les corps se débattent au cœur du tourment des eaux. Cette scène face à la proximité de la mort est poignante, tant elle exprime la volonté d’un père disparu d’endurcir ses fils sans se soucier de leur vulnérabilité et de leur sensibilité.


 

Le film relie avec compassion les désastres de la guerre aux désastres d’une famille soumise à des pressions diverses et à des croyances absurdes sur le devenir des hommes.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe


Un havre de paix (Hatzlila). Réal, sc : Yona Rozenkier ; ph : Oded Ashkenazi ; mont : Or Lee-Tal ; mu : Israel Bright. Int : Yoel Rozenkier, Micha Rozenkier, TYona Rozenkier, Claudia Dulitchi, Miki Marmor (Israël, 2018, 91 mn).



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