home > Films > Troupes de la colère (les) (1968)
Troupes de la colère (les) (1968)
de Barry Shear
publié le dimanche 18 août 2019

par André Tournès
Jeune Cinéma n°52, février 1971

Sélection officielle de la Mostra de Venise 1968


 


* Extrait de l’article général "Jeunesse américaine".
[...]

La haine de la famille comme ferment de révolte sous-tend également l’histoire racontée dans un film brillant mais malhonnête, passé assez inaperçu, il y a un an : Les Troupes de la colère de Barry Shear.


 

Un jeune homme, écrasé par une mère monstrueuse incarnée par une Shelley Winters aussi énorme et informe que dans Bloody Mama, (1) lance un parti des moins de 16 ans, prend le pouvoir en lançant ses jeunes dans la rue, drogue les députés, devient présidente des États-Unis et finit par mettre en camp de concentration tous les plus de 20 ans.
Film retors qui fait semblant de prendre à son compte les revendications des révoltés contre la veulerie de la famille, la démagogie des parlementaires, les brutalités de la police, pour mieux décrire les jeunes comme des êtres violents au comportement fasciste.


 

En fait Les Troupes de la colère décrit les jeunes comme les films de l’époque maccarthyste décrivant l’enfer rouge ou jaune.
Bien entendu les valeurs hippies y sont réduites à des coucheries et à des travestis grotesques, et la lutte politique des radicaux, assimilée à une conspiration pour s’emparer de la présidence, aurait pu germer dans le cerveau malade du général fou de Strangelove (2).


 

Mais le film, magistralement monté en plan brefs et soutenu par une musique pop très belle, avait un impact fort et finalement permettait une identification complice à la violence des personnages, si bien qu’on ne savait plus très bien s’il s’agissait d’un film ultra-conservateur dénonçant le fascisme des jeunes, ou d’un film fasciste exaltant cette violence.

André Tournès
Jeune Cinéma n°52, février 1971

1. Shelley Winters incarne Kate Barker dans Bloody Mama de Roger Corman (1970).

2. Référence à Docteur Folamour ou : comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe (Dr. Strangelove or : How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb) de Stanley Kubrick (1964).


Les Troupes de la colère (Wild in the Streets). Réal : Barry Shear ; sc : Robert Thom d’après sa nouvelle The Day it All Happened, Baby ; ph : Richard Moore ; mont : Fred R. Feitshans Jr & Eve Newman ; mu : Les Baxter et Barry Mann. Int : Shelley Winters, Christopher Jones, Diane Varsi, Hal Holbrook, Millie Perkins, Richard Pryor, Bert Freed (USA, 1968, 94 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts