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Retour de Fabiola (le) (2011)
de Jairo Boisier
publié le mercredi 24 juin 2015

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°366-367, été 2015

Sortie le mercredi 24 juin 2015


 


Né au Chili en 1975, Jairo Boisier nous propose une chronique douce-amère d’un village chilien. Quittant Santiago où elle était actrice pornographique depuis dix ans, Fabiola retrouve son père et sa sœur dans la maison de son enfance.
Le réalisateur dit avoir écrit le scénario en trois mois après avoir vu à la télévision un reportage sur une hardeuse. Il veut ici s’intéresser à la façon dont un être humain peut tenter de changer de vie. Le passé de Fabiola lui colle à la peau et transforme la vision que les gens ont d’elle, mais aussi de la capitale, Babylone de perdition.
À la fois accueillie comme une pestiférée et comme une enfant prodigue, elle va devoir se réinsérer dans la micro-société de son village d’origine, sans tenir compte des rumeurs et des humeurs.


 

Malgré quelques petites maladresses, le film tient bien la route et fait parfois sourire, lorsque Fabiola se trouve confrontée à des situations inattendues ou cocasses comme son travail de surveillante d’un dépôt de ferraille ou dans sa danse devant le miroir, mal jugée par sa sœur si sévère et dévouée au bien-être du père.


 

Ce que le film montre bien, hormis la complication des relations amoureuses qui pourraient faire l’amalgame entre l’ancien métier de Fabiola et une supposée tendance au libertinage, c’est la transformation apportée par les nouvelles technologies. Ici, l’acquisition d’un vieil ordinateur est comme l’intrusion d’un personnage supplémentaire qui ne permet pas de communiquer plus facilement, sauf peut-être dans la séquence tendre du selfie devant la webcam.


 

Incommunicabilité, solitude, il semblerait que les liens sociaux soient aussi distendus au Chili qu’ailleurs, au point d’empêcher les personnes d’avoir de vraies discussions et de ne pas céder aux conventions. Pourtant, sous son air bonasse, Fabiola tente de se mettre en relation avec sa famille, avec ses anciens amis, avec le village, qui constitue à lui seul un vrai personnage et on dirait qu’elle y parvient, à force de pugnacité et de mélancolie, mais à quel prix !


 

L’amour qu’elle inspire au jeune puceau Tarentula, fils du directeur de la décharge qui tente lui aussi de la séduire, n’est peut-être lié qu’au fait qu’il se masturbe sur les films érotiques dans lesquels elle a joué. Nous n’en aurons pas la certitude mais, peu à peu, par sa présence et sa pureté, Fabiola fait un retour qui rend sinon la joie de vivre, du moins le sourire à sa famille. Début prometteur pour ce jeune réalisateur dont nous attendons maintenant Trône pour un homme sans travail, moyen métrage en postproduction.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°366-367, été 2015


Le Retour de Fabiola (La jubilada). Réal, sc : Jairo Boisier ; ph : Raul Heuty ; mont : Sophie Denize. Int : Paola Lttus, Catalina Saavedra, José Soza, Daniel Antivilo (Chili, 2011, 84 mn).



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