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Cold in July (2014)
de Jim Mickle
publié le mercredi 31 décembre 2014

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°363, décembre 2014

Sélection officielle du festival de Sundance 2014

Sortie le mercredi 31 décembre 2014

Jim Mickle, connu pour des films plutôt horrifiques, s’attaque ici au film noir en adaptant un roman de Joe R. Lansdale.

Il est parvenu à faire revivre, par la musique, l’ambiance et la qualité de l’image, les années 80.

Un peu lassé des polars prévisibles situés dans des univers citadins, Mickle raconte avoir été séduit par ce roman qui se déroule dans une bourgade perdue des États-Unis, dans une ambiance à la fois inquiétante par moments, et popote à d’autres. Comme un western, Cold in July met en jeu les flingues, la vengeance et le code de l’honneur.
Mais le scénario, grâce à la qualité du roman éponyme, apporte une profondeur psychologique, pour ne pas dire mythologique, avec les relations pères / fils et l’infanticide, suprême tabou depuis le sacrifice d’Abraham, qui sera ici mis en scène de manière magistrale, dans une scène inoubliable.

Dans ce thriller haletant, à l’atmosphère inquiétante, les acteurs - rien que des pointures, Michael C. Hall, Sam Shepard et Don Johnson - sont au top.

Mickle multiplie les plans superbes et les images chocs, telles les bouteilles sur lesquelles le trio tire pour s’entraîner à la vengeance, ou cet ours en peluche dans la chambre d’enfant, en partie éventré et à l’œil arraché entouré de balles de cuivre, qui annonce, de façon tragique, le climax du film.

Entre enquête policière truquée, faux témoignages, corruption et images vidéo de snuff movie, tout le film baigne dans une ambiance oppressante, à l’instar du magasin de cassettes VHS, glauque à souhait.
On retrouve ici le parfum des années 80, celui d’une certaine Amérique profonde (ah, ces vieilles Chevrolet clinquantes et superbes) entre horreur et banalité !).

Le film se construit autour d’une musique à faire chavirer les âmes romantiques et suit la vie d’une famille - un homme, une femme et un enfant - que rien ne prédisposait à vivre pareille aventure sans l’irruption, un soir, d’un cambrioleur que Richard Dane abat comme un chien sur le canapé. Sa tête éclate comme chez Quentin Tarantino, projettant du sang sur les murs et sur le tableau un peu kitsch sur lequel la caméra s’était attardée en ouverture.
Sauf qu’ici, on n’a pas envie de rire : Richard, petit encadreur de profession, va s’avérer être un fameux tireur sachant se sortir d’une situation qui aurait pu virer au cauchemar.

Avec raison, Jim Mickle avait décidé d’abandonner pour un temps le cinéma d’horreur. "J’aimais l’idée, dit-il dans le dossier de presse, de débuter avec un film d’horreur et d’affirmer tout de suite après que nous avions la possibilité d’une palette plus large." Affirmation réussie.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°363, décembre 2014

Cold in July. Réal, sc, mont : Jim Mickle ; sc : Nick Damici, d’après Joe R. Lansdale ; ph : Ryan Samul ; mont : John Paul Horstmann. Int : Michael C. Hall, Sam Shepard, Wyatt Russell, Vinessa Shaw, Don Johnson (USA, 2014, 109 mn).

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