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Olympiades (les) (2021)
de Jacques Audiard
publié le mercredi 3 novembre 2021

par Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°410-411, septembre 2021

Sélection officielle en compétition au Festival de Cannes 2021

Sortie le mercredi 3 novembre 2021


 


Chez Jacques Audiard, le recours au cinéma de genre (biopic imaginaire, film de prison, film de banlieue ...) est un peu l’arbre qui cache la forêt des sentiments inavoués. Des personnages cabossés par la vie comme De rouille et d’os, ou bien enfermés dans leurs propres mensonges comme Un héros très discret, s’avèrent incapables d’extérioriser leurs émotions, ou bien ne le font que in extremis.


 

Camille, le protagoniste des Olympiades (qui n’est pas un film traversé par le genre) présente un cas de blocage affectif comparable et, à cet égard, son aveu final à Émilie - "Je t’aime", à travers un interphone -, fait écho à pareille déclaration dite au téléphone par Matthias Schoenaerts à Marion Cotillard à la fin de De rouille et d’os.


 

Mais, hormis peut-être Nora (lumineuse Noémie Merlant,) les trois protagonistes des Olympiades (un garçon pris entre deux filles) n’ont pas la densité des personnages du Prophète ou De battre mon cœur s’est arrêté. Si on ne peut pas dénier à un cinéaste de l’âge de Jacques Audiard le désir de filmer avec franchise une jeunesse bien contemporaine, issue d’origines diverses et flottante dans ses désirs, il le fait de manière à la fois légèrement "tendance" - Céline Sciamma et Léa Mysius ont collaboré au scénario et aux dialogues -, et quelque peu datée. La photo noir & blanc, les échanges dialogués, selon les dires de l’auteur, renvoient à Ma nuit chez Maud. (1)


 

Si bien qu’on a parfois l’impression que le cinéaste tourne ici autour de son sujet ou ne l’aborde que tardivement. On en revient au "Je t’aime" final partagé par Camille et Émilie qui, s’il manque d’intensité, témoigne peut-être, de la part de Jacques Audiard, d’une volonté, longtemps retardée, de sincérité autant que de simplicité.

Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°410-411, septembre 2021

1. Ma nuit chez Maud. de Éric Rohmer (1969). Jean-Louis Trintignant hésitait entre Françoise Fabian, la femme libre et Marie-Christine Barrault, la jeune fille convenue.


Les Olympiades. Réal : Jacques Audiard ; sc, dial : Jacques Audiard, Céline Sciamma, Léa Mysius d’après la bande dessinée d’Adrian Tomine ; ph : Paul Guilhaume ; mont : Juliette Welfling ; mu : Rone. Int : Lucie Zhang, Makita Samba, Noémie Merlant, Jehnny Beth (France, 2021, 106 mn).



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