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Springtime in New York
à propos des Bootleg Series vol.16
publié le mardi 30 novembre 2021

par Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe

Notes sur les Bootleg Series vol.16 de Bob Dylan

Sortie le vendredi 17 septembre 2021


 


La découverte du parcours de Bob Dylan, est soumise à des révisions étonnantes, via les bootlegs "officiels" (admirons l’oxymore) que CBS prodigue à dates régulières.
Suivant une chronologie erratique - aucune continuité, puisque le volume 14, More Blood More Tracks, revenait sur l’année 1974, le volume 15, Travelin’ Thru sur les années 1967 à 1969, et le volume 16, Springtime in New York, l’intervalle entre 1980 et 1985.Période extrêmement riche et variée, qui va des albums Saved (1980) à Empire Burlesque (1985), du prêche religieux au retour aux fondamentaux.


 


 

Très peu d’éléments avaient filtré concernant les enregistrements entre 1980 et 1983 : dans les concerts de ces années-là, Bob Dylan, en pleine obsession born-again, ne chantait que les chansons des albums Saved et Shot of Love, strictement consacrées à l’exaltation de la parole divine. Chansons musicalement remarquables, comme le volume 13 (et le DVD qui l’accompagne) nous l’a rappelé, mais dont les textes tournaient pas mal en rond - sauf exception, comme The Groom’s Still Waiting at the Altar, d’une obscurité étincelante (restons dans l’oxymore). Mais rien, aucun titre hors inspiration divine ne nous était parvenu, comme si Bob avait tiré un trait sur les vingt années précédentes.


 


 

Les deux premiers CD des cinq proposés dans le coffret n°16 ne contiennent que des titres inconnus, simples répétitions (rehearsals) ou morceaux laissés de côté au moment du choix final (outtakes).
Mais, surprise ! Vingt-quatre chansons ébouriffantes, sans traces religieuses, et pour partie signées par d’autres : une reprise de Mystery Train de Elvis Presley, de Fever de Peggy Lee, de Cold Cold Heart de Hank Williams, et même de l’inusable Let It Be Me de Gilbert Bécaud, déjà au sommaire de Self-Portrait.


 

Ainsi, hors de la bonne parole dispensée sur les scènes, Bob Dylan persistait-il à cultiver, sous le manteau, des chansons profanes, comme au bon vieux temps. La présence, dans Shot of Love de Lenny Bruce, chanson à la gloire de l’inventeur du stand-up, à la moralité douteuse, aurait dû nous avertir qu’il gardait l’œil (et l’oreille) ouvert sur un monde qui n’était pas seulement celui du gospel.
Nous sommes devant un chaînon manquant : parmi les onze titres du CD 2, neuf outtakes de l’album de 1981, dont huit inconnus + Angelina, découvert jadis dans le bootleg vol 1-3, ici dans une version étonnante dont on ne comprend pas qu’elle n’ait pas figuré dans Shot of Love, qu’elle n’aurait pas dépareillé, bien au contraire.


 

Décidément, les choix décisifs de Bob demeurent un bel exercice aléatoire, comme s’il les avait tirés à pile ou face. La mise à l’écart de l’album Infidels (1983) d’un morceau aussi superbe que Blind Willie McTell, qui mettra plusieurs années à sortir du placard, en est le meilleur exemple. Un Blind Willie McTell qu’on retrouve dans le CD 3, dans une version inédite. Comme la totalité des CD 4 et 5, outtakes de Infidels et alternate takes de Empire Burlesque, qui ne font que confirmer la richesse des filons non encore exploités : les seize bootlegs parus ne concernent que la période 1961-1985.


 


 

Que cachent encore les sessions de Time Out of Mind (1997) ou de Modern Times (2007), à l’horizon du volume 30 ? Décidément, il va falloir prolonger nos rayons.

Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe



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