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Beauté du monde (la) (2021)
de Cheyenne-Marie Carron
publié le mercredi 8 décembre 2021

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 8 décembre 2021


 


Avec trois courts-métrages et treize longs-métrages à son actif, Cheyenne-Marie Carron continue son voyage dans le petit monde du cinéma français, nous livrant à chaque fois le meilleur d’elle-même. Avec La Beauté du monde, son dernier film, elle se surpasse tant au niveau de la mise en scène que de la direction d’acteurs : François Pouron, un fidèle qu’on a déjà admiré dans trois de ses précédents films, Le Corps sauvage (2019), La Chute des hommes (2016) Le soleil reviendra (2020), et Fanny Ami qu’elle vient de découvrir pour le rôle de Clara.


 

Jamais reconnue ni aidée par le CNC, la réalisatrice doit à chaque fois se battre pour monter son projet et rien que pour sa pugnacité et son talent, elle mérite amplement d’être soutenue au moins par la critique.


 

Bien sûr, elle ne fait pas dans la dentelle, et elle s’attaque à des problèmes que l’establishment préfère taire ou cacher, mais on ne peut lui ôter ni son courage, ni son engagement. Ici, elle décide de partir en guerre contre le silence qui se fait autour des soldats - en l’occurrence ici un légionnaire - qui reviennent d’une mission de guerre au cours de laquelle ils ont été blessés à tous les sens du terme. Son film raconte l’histoire de Roman, un militaire souffrant de traumatismes, après une mission au Mali, qui ne parvient pas à retrouver ses repères dans la société, à son retour.


 

Sur ce sujet aussi clivant, la cinéaste parvient à nous dépeindre à la fois le monde d’une garnison de légionnaires, et d’un couple près de la rupture en raison justement du hiatus entre l’engagement militaire, la proximité de la mort et de la violence, et la vie de famille qui est en complète opposition. Sans manichéisme et sans tabou, elle ne prend pas position.


 


 

Dans son film précédent, Le soleil reviendra, elle montrait des femmes de soldats quelque peu méprisées et oubliées par la hiérarchie militaire, avec La Beauté du monde, c’est le soldat qui met sa vie en danger et ne reçoit en retour aucune reconnaissance. On pense aussi à Beau Travail de Claire Denis (1999) et, plus récemment, La Troisième Guerre de Giovanni Aloi (2021) qui, pour une fois, ne proposent pas une image négative de la grande Muette.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


La Beauté du monde. Réal, sc : Cheyenne-Marie Carron ; ph : Aurélien Dubois ; mont : Yannis Polinacci ; mu : Arvo Part et Für Alina ; déc : Vincent Briere ; cost : Marina Massocco. Int : François Pouron, Mael Castro Di Gregorio, Fanny Ami, Johnny Amaro (France, 2021, 119 mn).



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