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Ali & Ava (2021)
de Clio Barnard
publié le mercredi 2 mars 2022

par Hugo Dervisoglou
Jeune Cinéma n°410-411, septembre 2021

Sélection de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2021

Sortie le mercredi 2 mars 2022


 


Ava, la cinquantaine, rencontre Ali, d’origine pakistanaise, dans un quartier défavorisé d’Angleterre. L’un et l’autre vont lentement se rapprocher jusqu’à développer une relation particulière... On aurait pu craindre une énième variation à la Ken Loach, faisant preuve d’un misérabilisme et d’une noirceur poisseuse donnant l’envie de se pendre après le générique de fin. C’est heureusement le chemin qui n’est pas choisi.


 


 

Tout y est pourtant : la banlieue, la pauvreté, le racisme et l’accent des faubourgs, mais plutôt que de démontrer une injustice sociale issue d’un système capitaliste sauvage, Clio Barnard préfère filmer la douceur d’un développement amoureux entre deux êtres, certes blessés par la vie, mais en dehors de tout apitoiement sur eux-mêmes ou de victimisation, et disposant d’une force intérieure qui les rends capables de surmonter toutes les barrières.


 


 

En montrant ainsi ce couple mixte, le film évoquera le chef-d’œuvre de Rainer Fassbinder, Tous les autres s’appellent Ali (1974), avec la virulence politique atténuée. Point de vue politique toutefois bel et bien présent et discutant les principes de la communautarisation de l’Angleterre, avec une intéressante mise en parallèle entre les origines étrangères irlandaises d’Ava et celles d’Ali. Ce qui est notamment perceptible durant la belle séquence où elle propose des noms gaéliques pour son petit-fils.


 

Si certaines ficelles mélodramatiques inutiles alourdissent parfois le film, elles sont compensées par un parti pris de mises en scène intéressant : celui d’une musique qui perturbe et modifie la perception des espaces scéniques, donnant ainsi un souffle de joie surprenant à certaines scènes et contribuant au rapprochement sentimental des deux personnages. Seul regret, ces séquences sont un peu trop rares. L’ensemble du film est cohérent, bien mené et plutôt bien rythmé, dans tous les cas, fort bien joué.

Hugo Dervisoglou
Jeune Cinéma n° 410-411, septembre 2021


Ali & Ava. Réal, sc : Clio Barnard ; ph : Ole Bratt Birkeland ; mont : Maya Maffioli ; mu : Harry Escott. Int : Adeel Akhtar, Claire Rushbrook, Ellora Torchia, Shaun Thomas (Grande-Bretagne, 2021, 95 mn).



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