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Annuel du cinéma (l’) 2016
Tous les films 2015
publié le mardi 6 mars 2018

par Lucien Logette
Jeune Cinéma n°375-376, automne 2016

L’Annuel du cinéma 2016, éd. Les Fiches du cinéma, 2016.


 


Rendre compte de L’Annuel du cinéma est chose simple : il suffirait de reprendre les commentaires faits l’année précédente, qu’on auraient eux-mêmes calqués sur le millésime d’avant, etc., et ainsi de suite jusqu’au début de ce dernier siècle. Si l’on se donne un peu de peine pour varier l’approche, c’est pour éviter l’ennui, par souci de ne pas se recopier tous les douze mois. Mais à quoi bon ? L’Annuel est un objet que l’on ne devrait même pas chercher à promouvoir, tant son achat est obligatoire : aucun véritable amateur du cinéma qui se fait ne peut s’en passer. En parodiant Joseph Jacotot, qui proclamait que "Tout est dans tout (et le reste dans Télémaque)", on peut affirmer que tout est dans L’Annuel - et aujourd’hui encore plus qu’avant, puisque le palmarès du festival de Mannheim-Heidelberg, dont nous réclamions l’inscription depuis quelques années, figure désormais parmi ses pairs, alleluia.

Obligatoire ? Évidemment. Comment, sinon, avoir un panorama complet de ce que nous avons vu - et surtout pas vu - entre janvier et décembre ? Comment, sinon, avoir sous la main, sans avoir besoin d’aller double-cliquer sur wikipedia ou sur imdb en dégradant notre bilan carbone, tous les renseignements sur les six cent soixante-douze films (quatre de moins qu’en 2014, on pensait pourtant le contraire) distribués l’an dernier ? Comment, sinon, dresser la liste des quatre-vingt-six titres (également quatre de moins) ayant accueilli moins d’un millier de spectateurs ? Comment, sinon, mettre à jour notre fichier nécrologique - pas celui des stars, jamais oubliées, celui des sans-grades, ces troisièmes couteaux du fond de l’écran, à qui l’on peut adresser l’ultime coup de chapeau auquel ils n’ont pas toujours eu droit ?

L’Annuel, c’est ça : une somme en expansion régulière, toujours disponible, toujours exacte - on le sait, pour vérifier au moins une fois par jour un annuel des vingt dernières années.
On peut chipoter sur certains des commentaires qui complètent les génériques : on peut ne pas toujours être d’accord sur tout, surtout lorsque l’on découvre, dans les trente meilleurs films de l’année choisis par l’ensemble de la rédaction, Cemetery of Splendour de Apichatpong Weerasethakul, Pauline s’arrache de Émilie Brisavoine, 21 nuits avec Pattie des frères Larrieu et Les Mille et Une Nuits de Miguel Gomes, tous films qui ne nous ont laissé que des souvenirs assez pâteux.
En revanche, les quelques pages en forme de bilan (cette fois, "Face au vide") dressé par Nicolas Marcadé, maître d’œuvre et des Fiches du cinéma et de L’Annuel, nous épatent chaque année par leur acuité renouvelée - on aimerait qu’il rassemblât un jour ses textes ainsi effeuillés. Il y a là une pensée et un style, choses pas toujours aussi bien partagées.

Notons, dans la rubrique des disparus de l’année, quelques noms depuis longtemps perdus de vue : Richard L. Bare, 102 ans, qui avait signé quelques bons épisodes de La Quatrième Dimension et un excellent film noir, Flaxy Martin (1949), avec Virginia Mayo et Dorothy Malone ; Ib Melchior, 97 ans, réalisateur d’un film de SF amusant, La Planète rouge (1960) ; Nita Raya, 99 ans, qui a traversé les années 30, entre Fernandel et Tino Rossi ; Lizabeth Scott, 92 ans, un des regards et une des voix les moins oubliables de la grande époque du film noir ; Pierre Brice, 86 ans, que l’on aimait bien déguisé en Indien dans la série allemande des Winnetou, bien avant les westerns italiens ; Liliane Bert, 92 ans, sympathique, même dans des nanars, comme L’Atomique Monsieur Placido de Robert Hennion qui indépassable.

Sans compter les amis, Raymond Chirat 1922-2015) que l’on ne cesse de regretter (un an déjà !), Pierre Cottrell (1945-2015) ou Jean Lescot (1938-2015.
Obligatoire, on vous dit.

Lucien Logette
Jeune Cinéma n°375-376, automne 2016


L’Annuel du cinéma 2016, Paris éd. Les Fiches du cinéma, 780 p., 42 €



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