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Rose (the) (1979)
de Mark Rydell
publié le jeudi 30 juillet 2015

par Bernard Nave
Jeune Cinéma n°128, juillet-août 1980

Ressortie le mercredi 29 juillet 2015.


 

À l’origine, The Rose devait retracer la carrière de Janis Joplin.

Déjà Howard Alk et Seaton Findlay avaient consacré un film de montage à celle qu’on a parfois appelée "la Judy Garland du rock and roll".

Bien évidemment, ceux qui ont connu le phénomène Janis Joplin ne manqueront pas de chercher dans le film de Mark Rydell les ressemblances - elles sont nombreuses - avec celle qu’on devait retrouver morte d’une overdose en 1970, dans une chambre d’hôtel, alors qu’elle n’avait pas encore 28 ans.


 

Dans The Rose, la chanteuse meurt aussi, victime de l’alcool et de la drogue. Comme Janis, elle mêne la vie harassante des tournées, et elle retrouve son Sud natal qui exerce sur elle une attraction par les souvenirs qu’elle en garde.
On pourrait continuer l’énumération des ressemblances entre Rose et Janis, en particulier dans la façon de chanter : au détour d’une image, on retrouve le même trépignement de jambes que dans le film de Alk et Findlay.
Mark Rydell a largement puisé, dans le personange réel, les éléments qui lui ont permis de construire le personnage de Rose.

Mais le film ne se laisse pas réduire à une illustration romantique de la la vie de Joplin.
C’est la vie d’une chanteuse dans laquelle on pourrait reconnaître d’autres grandes figures de la scène rock, toutes celles qui ont entretenu avec leur public un rapport de fascination et de provocation, livrées à fond à leur métier, mais exprimant ce qu’elles avaient, en elles de plus profond.

Si The Rose nous montre le monde qui entoure la star, en particulier ses rapports avec son manager, le principal intérêt du film réside dans le personnage qu’incarne Bette Midler.
Rose suit un itinéraire dont on connaît l’issue dès le départ, celui qui la conduit à la mort. Mais tout le film montre la tension en elle entre son désir de vivre et son incapacité à s’attacher, à qui ou à quoi que ce soit.


 


 

Elle vit dans un univers qui n’est pas fait pour elle.

Les contraintes de son métier l’obligent à aller au bout d’elle-même, et cela d’autant plus que chacune de ses chansons et chacune de ses apparitions publiques sont autant de mises à nu.

Dans sa vie personnelle, elle ne se satisfait pas de compromis qui lui permetraient de "s’économiser". Son besoin d’un bonheur intense et impossible, elle le cherche avec un chauffeur rencontré par hasard, et son échec avec lui se révèlera fatal.

Si le film tient surtout par le personnage de Rose, c’est aussi que Bette Midler lui a donné une dimension et une vigueur qui nous touchent beaucoup plus que la mise en scène elle-même. Mark Rydell a disposé de moyens considérables pour reconstituer les concerts à leur échelle - celle d’un stade pour la dernière apparition de Rose. Cette recherche de la démesure est sans doute censée rendre compte de l’écrasement de la chanteuse par le système qui l’entoure.

Mais il y a aussi, dans le spectacle de sa mort sur scène, une forme de voyeurisme. Il s’agit bien là d’un choix de mise en scène, et la débauche d’éléments spectaculaires nous renvoie à notre plaisir de spectateur, ambigu et mal à l’aise.

En fait, la démarche de Rydell tend amener le personnage de Rose à une dimension mythique.
Ce qui gomme alors l’épaisseur humaine qui traverse tout le film.
Janis Joplin disait : "J’aime chanter, mais je nai jamais voulu être une star".

Tout autant que ses qualités de chanteuse, c’est sa façon d’être et de vivre qui la rendaient irrécupérable, e,t par là-même, si attachante.

Les indéniables qualités de The Rose apparaissent surtout dans l’étonnante prestation de Bette Midler. Et on peut regretter que Mark Rydell n’ait pas toujours su s’effacer devant son personnage.

Bernard Nave
Jeune Cinéma n° 128, juillet-août 1980

The Rose. réal : Mark Ridell ; ph : Vilmos Zsigmond ; mont : Carroll Timothy O’Meara ; mu : Paul A. Rothchild. Int : Bette Midler, Alan Bates, Frederic Forrest, Harru Dean Stabton (USA, 1979, 125 mn).

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