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White Epilepsy (2012)
de Philippe Grandrieux
publié le dimanche 1er novembre 2015

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°350-351, printemps 2013


 

White Epilepsy est un nouveau film de Philippe Grandrieux, le premier opus d’une trilogie, un film-installation, minimaliste, à l’image verticale plutôt qu’horizontale, en noir & blanc et une couleur, sans parole et en plans fixes.

Depuis La Peinture cubiste qu’il réalisa en 1981 avec Thierry Kuntzel, Philippe Grandrieux a mis en place une approche sensorielle de l’espace cinématographique : il poursuit ses recherches et expérimentations et réalise les films Sombre en 1999, La Vie nouvelle en 2002, Un lac en 2008, autant de questionnements sur l’image, sa plasticité et sa finalité.

Dès le premier plan de White Epilepsy, l’image cinéma est matière, volume, sculpture comme rémanences d’œuvres peintes de Füssli, Dürer ou Cranach.
Le corps nu d’un homme de dos sans tête, forme une masse musculaire nacrée. On la dirait taillée dans le marbre. L’image est puissante semblable aux fragments de corps sculptés de la Grèce antique ou à certaines études de Rodin.
Dans un fond obscurément, profondément sombre, se mêlent deux corps jusqu’à la dévoration, tel Le Baiser d’Edvard Munch, évocation érotique de deux êtres enlacés, s’embrassant, se fondant l’un l’autre, tandis que la bande son est rugissements de lions et de tigres.
Soudain, dans un effet de contraste d’une clarté aveuglante, surgit la séquence saisissante du visage pâle et ensanglanté de la jeune femme, renvoyant à l’univers de David Lynch.
Spectacle de la férocité de l’être, conte sauvage et meurtrier ou réminiscences de la scène primitive ?
L’archaïque recherché par Philippe Grandrieux plonge vers l’enfouissement le plus lointain, en quête de l’origine du cinéma et s’arrête dans un dernier plan inspiré par "…le fond des toiles de Georges de La Tour (qui) n’est pas noir, ou brun ou gris perle, c’est nous mourrons" comme l’écrit Pascal Quignard.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°350-351, printemps 2013

White Epilepsy. Réal, sc, ph, mont : Philippe Grandrieux. Int : Hélène Rocheteau, Jean-Nicolas Dafflon, Anja Röttgerkamp, Dominique Dupuy (France, 2012, 68 min).

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