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Sac la mort (2015)
de Emmanuel Parraud
publié le dimanche 19 février 2017

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 15 février 2017


 


Sac la mort est le premier long métrage de fiction de Emmanuel Parraud qui s’était jusqu’à présent plutôt essayé au court - avec, notamment, La Steppe (1988) et La Statue de la vierge (2003).

L’auteur est, selon ses dires, tombé amoureux de l’île de la Réunion où il fait de fréquents séjours depuis une quinzaine d’années. Il y a situé et tourné un film interprété par des comédiens pour la plupart non professionnels s’exprimant dans le créole local, parlé par la population noire ou fortement métissée, les Cafres, descendants des anciens esclaves déportés depuis Madagascar et l’Afrique de l’Est pour travailler dans les plantations.

Autant dire que le spectateur n’aura pas droit à une carte postale, mais bien à l‘envers du décor. D’une manière dysnarrative, le film montre un monde gouverné par le chômage, la combine et l’alcool - un rhum bon marché qui se boit au goulot et qui rend fou. En toile de fond, donc, la survivance de la réalité que fut l’esclavage...


 


 

Le protagoniste, Patrice, est écrasé par le malheur.
Dès la première scène, il doit aller reconnaître la tête de son frère décapité par un voisin. Puis il est expulsé de chez lui en raison d’une dette ancienne non réglée par son père. Sa mère lui ordonne de venger l’honneur familial.
Face à l’horreur, il est paralysé, incapable de punir l’auteur de ce crime, préférant se laisser expulser. Il est recueilli par des amis apparemment tout ce qu’il y a de bien intentionnés.

Pour se sortir du cul-de-sac, il ne voit pas d’autre moyen que de ritualiser son aboulie. Il a alors recours à un "sac la mort".


 

Un sorcier emplit une poche plastique d’un poulet égorgé et d’autres objets cultuels que le protagoniste devra déposer sur une route. Le malheur est en principe endossé par le premier qui marchera sur le sac ou lui passera dessus. Nouveau coup du sort : le destinataire du piège découvre le pot-aux-roses, évite de tomber dans le panneau et s’en prend à notre héros ! En outre, la maréchaussée s’en mêle et embarque notre bon bougre. Patrice a de quoi s’enfoncer de plus en plus dans la mouise.
Il hérite néanmoins d’un terrain où il bâtira sa maison.

C’est sur un paysage illuminé par la pleine lune que se closent ces scènes de la vie post-coloniale. Le passage d’échec en échec, ce théâtre d’une misère sans fin, a pour cadre la belle et indifférente nature.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sac la mort. Réal, sc : Emmanuel Parraud ; ph : Benjamín Echazarreta ; mont : Grégoire Pontécaille. Int : Nagibe Chader, Patrice Planesse, Charles-Henri Lamonge, Martine Talbot (France, 2015, 78 mn).

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