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Sage Femme (2016)
de Martin Provost
publié le mercredi 22 mars 2017

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 378-379, février 2017

Sélection de la Berlinale 2017

Sortie le mercredi 21 mars 2017


 


Depuis Séraphine (2008) et Violette (2013), on savait la fascination de Martin Provost pour les personnalités de femmes créatrices, hors du commun, longtemps restées totalement en marge. Avec Sage-femme, il a décidé de rendre justice à la personne dont longtemps il n’a pas connu le nom, celle qui le mit au monde et lui sauva la vie en donnant son sang au nouveau-né qu’il était.


 

Son film n’est pas autobiographique pour autant.
C’est à la fois un portrait de femme, incarnée par Catherine Frot, et un hommage à une profession. Le motif de l’accouchement ou du "travail" domine le film, dès son ouverture, avant le générique déroulant : pas moins de cinq autres "séances" suivront.

Tournées en Belgique - la loi française interdisant de filmer des bébés de moins de trois mois -, ces scènes confrontent le spectateur à la lutte d’une petite communauté dans son combat pour la vie, pour qui chaque geste, chaque parole comptent.
Filmées sans pathos, elles sont d’une rare intensité. Elles communiquent une impression d’urgence absolue ainsi que la nécessité d’un engagement personnel dans cette vitale mise à jour. Au moment où des maternités jugées insuffisamment rentables sont fermées et où la fameuse clinique des Bluets doit elle-même lutter pour sa survie, il n’est pas anodin qu’un tel propos soit tenu par le Septième Art.


 

Mais il y a un film dans le film : la réapparition, dans la vie de la protagoniste, d’une silhouette du passé, une femme légèrement plus âgée, qui est son exacte opposée. Hirsute, titubante, Béatrice, l’ancienne maîtresse de son père, vient tout simplement lui demander de l’aider à mourir.
Vieux bébé vorace, n’écoutant que son désir, toujours prête à faire la fête, Catherine Deneuve, à la fois figure d’Éros et de Thanatos, réussit ici une composition impressionnante. La "sage" femme perd à son contact de sa raideur et de ses principes. Elle comprend que la vie, c’est aussi la joie qui va avec. Elle se métamorphose sous nos yeux et renaît.


 

Le film, une comédie sur fond tragique, est porté par la performance des deux comédiennes. Notons aussi l’intervention tout en retenue de Olivier Gourmet, dans le rôle d’un chauffeur routier dont on aperçoit, dans une des dernières scènes du film, le très durassien camion.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 378-379, février 2017


Sage Femme. Réal, sc : Martin Provost ; ph : Yves Cape ; mont : Albertine Lastera ; mu : Grégoire Hetzel. Int : Catherine Frot, Catherine Deneuve, Olivier Gourmet, Mylène Demongeot, Quentin Dolmaire, Marie Paquim (France, 2016, 117 mn).



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