par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 381, été 2017
Sélection officielle Un certain regard au Festival de Cannes 2017
Sortie le mercredi 13 décembre 2017
La Fiancée du désert évoque l’éveil d’une femme de 54 ans, Teresa, qui a consacré sa vie, comme employée de maison, au service d’une même famille et qui, soudain, devant la quitter pour une autre, croise par hasard Gringo, un homme au charme certain.
L’originalité du film tient dans le fait d’entrevoir immédiatement la possibilité d’une nouvelle vie et le climat particulier qu’elle installe. Devant le désarroi d’avoir perdu son sac, de se retrouver seule dans la tempête, désemparée et inquiète, rien n’indique apparemment pour elle un meilleur sort, et cependant cette possibilité d’une autre vie ne la lâche pas durant tout le film. Comme s’il régnait en permanence une grâce bienfaisante au-dessus d’elle, un destin.
Baignant dans un rythme lent, les personnages évoluent, avec sobriété et réserve, à travers le désert montagneux de rocailles roses, conscients du fait que le moindre geste ou le moindre mot prendrait une dimension démesurée et leur serait fatal.
L’émotion et le désir, retenus, comme la peur de la parole, font face à l’aridité et à la sécheresse du paysage. La route et le camion semblent être alors le seul moyen d’agir pour faire éclore cette nouvelle vie.
Quête de soi, mystique du voyage sont autant d’étapes à franchir pour Teresa, au visage de madone, dont les yeux mi-clos respirent la beauté d’âme. L’amusement timide cède peu à peu le pas à l’attirance puis à l’enchantement, les sentiments s’énoncent avec délicatesse, inéluctablement depuis la première rencontre.
Il s’agit bien d’un film de femmes, reconnaissable à la subtilité douce des caractères, au charme émanant des personnages, comme à l’amour profond qui grandit.
Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 381, été 2017
La Fiancée du désert (La novia del desierto). Réal, sc : Cecilia Atán & Valeria Pivato ; ph : Sergio Armstrong ; mont : Andrea Chignoli ; mu : Leo Sujotovich. Int : Paulina Garcia, Claudio Risi (Argentine-Chili, 2017, 78 mn).