On ne présente plus Georges Perec qui a marqué la littérature oulipienne du 20e siècle. Le livre revient sur une interview que l’écrivain a accordée en 1979 à Raffaella di Ambra dans laquelle il ne semble pas du tout renier l’art cinématographique qui est, reconnaîtra-t-il deux ans plus tard, un autre travail d’écriture. Il lui confiait d’ailleurs ensuite : "Quant au cinéma, j’ai des projets, mais ce n’est pas mon univers".

Hélas ces projets ne resteront qu’en l’état puisqu’il mourra peu après, mais on ne peut que constater, avec Christelle Reggiani, que le cinéma existe dans la pratique de l’écriture de Georges Perec lorsqu’elle écrit, en citant bien sûr l’écrivain au passage.

On se propose donc d’éprouver la consistance, s’agissant de cette œuvre, de la notion d’écriture-cinéma, explicitement revendiquée, à propos de La Vie mode d’emploi, par l’auteur lui-même : "J’aime beaucoup les hyperréalistes, et mon livre a un côté hyperréaliste. Mais je me crois surtout influencé par le cinéma et sa technique".

Elle se trouve dans la confrontation de l’indéniable présence du cinéma dans ses textes, qui reconduit à la cinéphilie passionnée caractérisai un temps la vie de l’auteur, et de l’inaboutissement tendanciel, non moins indéniable, de ses projets cinématographiques régulièrement conçus, et cela, en dépit de la coréalisation, avec Bernard Queysanne, de Un homme qui dort (1974), prix Jean-Vigo, et de l’écriture du scénario et des dialogues de Série Noire de Alain Corneau (1979), films sur lesquels il faudra bien entendu revenir.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°412, décembre 2021

1. Georges Perec, La Vie mode d’emploi. Romans, Paris, Hachette, 1978.

Christelle Reggiani, Perec et le cinéma, Paris, Nouvelles éditions Place, Paris, 2021, 105 p.