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Rozier, Jacques (1926-2023) II
Brève
publié le lundi 5 juin 2023

Journal de Solomon Roth 2023 (lundi 5 juin 2023)
Jeune Cinéma en ligne directe


 


Lundi 5 juin 2023

 

Jacques Rozier (1926-2023) est mort le vendredi 2 juin 2023.


 

Le cinéaste a eu une longue vie, mais une petite œuvre - à peine une trentaine de films, en comptant absolument tout, les inachevés notamment, dont 5 longs métrages -, peu connue par le public à l’époque de leur sortie (pour ceux qui étaient distribués). Aujourd’hui, il est probable que les jeunes générations n’ont jamais vu ses films, malgré les deux rétrospectives organisées par le Centre Pompidou (2-26 novembre 2001) et par la Cinémathèque française (10-28 novembre 2021) en collaboration avec Extérieur Nuit.

Le plus célèbre d’entre eux, c’est son premier long métrage, Adieu Philippine (1962), une œuvre délicieuse qui promettaient beaucoup, bien que réalisée alors qu’il avait déjà 36 ans.


 

Les longs métrages suivants, Du Côté d’Orouët (1971), Les Naufragés de l’île de la Tortue (1976), Maine Océan (1986), Fifi Martingale (2001) connurent mille difficultés et furent très peu vus, voire diversement appréciés.


 

Pourtant, dès samedi 3 juin 2023, la nouvelle de la mort de Jacques Rozier a fait l’objet d’une breaking news, tard dans la nuit sur les chaînes de télévision, et, le matin les médias étaient unanimement endeuillés. Tous l’ont affublé de l’étiquette commode de "figure de la Nouvelle vague", ce qui est pour le moins rapide pour un cinéaste inclassable, mais, il faut en convenir, ce qui est légitime, dans la mesure où Jean-Luc Godard l’avait adoubé pour son deuxième court métrage Blue Jeans sélectionné au Festival du court métrage de Tours en 1958.


 

Tous s’accordent pour chanter ses louanges et parler de lui de façon parfois très lyrique, louant le cinéaste disparu, cette comète à combustion lente, ce grand rêveur devant l’Éternel, ce champion toutes catégories du contretemps, cette liberté insolente et cacophonique, cette farouche audace.
Le plus joli a été tweeté par la Cinémathèque : "Des cinéastes de la Nouvelle Vague, Rozier est celui qui divague. Celui qui aime que tout aille de travers, pour mieux alimenter son sens très particulier de la dramaturgie".


 

C’est que Jacques Rozier était très aimé par les professionnels de la profession. Il en reçut quelques honneurs, le Prix Jean-Vigo, pour Maine Océan en 1986, et deux prix pour l’ensemble de son œuvre : le Prix-René-Clair en 1997 et le Carrosse d’or en 2002.
Il faut dire qu’il était adorable, et que ses méthodes de travail vagabondes, si elles n’étaient pas d’une grande efficacité, ni artistique ni commerciale, faisaient le bonheur de ses partenaires. Tous ceux qui ont travaillé avec lui racontent que c’était une rigolade permanente, un régal. En 2021, quand il avait été expulsé de son logement de Neuilly, à 94 ans, la Société des réalisateurs (SRF) avait lancé une pétition de soutien.

Dans son cas spécial, quand nous revoyons Les Naufragés de l’île de la Tortue, nous avons le sentiment d’une auto-parodie de sa vie-son œuvre, et nous ne sommes plus si sûrs de devoir toujours séparer l’homme et l’œuvre.


 

Quoiqu’il en soit, nous demeurons des adorateurs inconditionnels et fidèles de Adieu Philippine, ce film sorti avant la naissance de Jeune Cinéma (né en 1964), et sur lequel la revue n’a jamais écrit.


 

* Cf aussi : "Rozier le musical", Jeune Cinéma en ligne directe.

Chez Potemkine, un coffret DVD.


 

De la part de Thomas Boujut, Cinéma Cinémas.


 

Avec Pierre Richard à la Cinémathèque le 10 avril 2016.


 



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