par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe
Sélection du Gijón International Film Festival 2024
Sortie le mercredi 12 mars 2025
Ce petit film d’une heure et quatorze minutes est le résultat d’une réflexion du collectif Vigília constitué de six jeunes réalisateurs : Clara Serrano Llorens, Gerard Simó Gimeno, Laura Corominas Espelt, Laura Serra Solé, Ariadna Ulldemolins Abad, Pau Vall Capdet, qui se sont connus pendant leurs études en communication audiovisuelle à l’université Pompeu Fabra de Barcelone.
Ce collectif d’à peine cinq ans d’existence défend une façon différente de faire du cinéma avec comme idée principale la notion de collectif, soit la création d’un espace commun où tous les membres ont le même poids dans la prise de décision. Il n’est donc pas étonnant qu’il nous livre aujourd’hui ce film qui en dit long sur leur engagement. Ils disent : "Nous avons abordé Bruno et Nati, ainsi que les autres personnages, avec intimité et sensibilité, cherchant à atteindre leur essence. Notre style de réalisation s’ouvre à l’exploration du langage cinématographique, par la suggestion et la volonté de faire naître des questions dans l’esprit du spectateur."
Le film est d’une grande simplicité mais il ouvre sur des débats passionnants sur les relations intergénérationnelles. Qui a eu l’idée d’ailleurs dans le groupe de raconter l’histoire de Bruno, un jeune homme qui tente de gagner sa vie en livrant des pizzas et qui, malgré son jeune âge, s’occupe avec tendresse et sérieux de sa grand-mère depuis la mort de sa mère ? Le film pose ainsi les bases d’une mise en scène des relations entre des personnes que toute bonne société devrait faire se confronter, et que notre monde post-moderne s’emploie à faire disparaître avec son jeunisme invétéré.
Bruno, 18 ans, est en âge de faire la fête, de découvrir, sinon l’amour, du moins le désir, dans les bras d’un autre garçon qui le lorgne depuis le début du film. Il a même le droit de faire l’apprentissage cruel du monde du travail lorsque son patron le met à la porte pour opter pour des livreurs de type Uber. Tout cela ne l’empêche pas de s’occuper de sa grand-mère alors que d’autres familles l’auraient déjà placée en maison de retraite.
Ce film de fin d’études, conçu en 2020, pose les vraies questions sur "l’âge imminent", l’âge qui vient et qui ne fait pas le bonheur des familles, même en Espagne qui, pourtant, en raison de son attachement à la Méditerranée, était, avec l’Italie, très proches des aïeux dans la structure familiale, et où, personne, comme au Maghreb, n’aurait songé un seul instant à les abandonner à des structures sans âme.
Lorsque ce moment arrive, justement par hasard par le biais d’un appel du service de l’aide aux personnes âgées de la ville de Barcelone où se déroule le film, il va offrir au collectif, qui a écrit et construit ce scénario, la possibilité de trouver une solution attachante et sans violence.
Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe
L’Âge imminent (L’edat imminent). Réal : Col·lectiu Vigília, Clara Serrano Llorens, Gerard Simó Gimeno ; sc : Col-lectiu Vigília Ariadna Ulldemolins Abad, Clara Serrano Llorens, Laura Corominas Espelt ; ph : Pau Vall Capdet ; mont : Gerard Simó Gimeno & Celeste Barria Balma ; mu : Laura Casaponsa ; cost : Marta Torra Cabau. Int : Miquel Mas Martinez, Antonia Fernandez, Mir Antonia Fernández Mir, Nunu Sales, Miquel Mas (Espagne, 2024, 74 mn).