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Transmitzvah (2024)
de Daniel Burman
publié le mercredi 14 mai 2025

par Gérard Camy
Jeune Cinéma n°430, été 2024

Sélection officielle Cannes Première du Festival de Cannes 2024

Sortie le mercredi 14 mai 2025


 


Depuis El Rey del Once en 2016, le réalisateur argentin Daniel Burman, dont Le Fils d’Elias avait obtenu le Grand Prix du Jury à Berlin 2004, n’avait plus réalisé pour le cinéma, se concentrant sur la télévision et sur son autre activité de producteur. Il renoue ici avec le quartier juif de son enfance, Once, à Buenos Aires (1), et son microcosme commerçant.


 


 

Il revient aux thèmes de la famille et de l’identité, présents dans nombre de ses films précédents. Rubén, le plus jeune enfant de la famille Singman, va sur ses 13 ans. Il aime se vêtir en fille et chanter des chansons en yiddish. Alors, défiant la tradition, il demande à faire une batmitzvah, l’équivalent féminin de la barmitzvah. Sa famille, et en particulier son père, refuse ce qu’elle considère comme une lubie. Seul son grand frère Eduardo le soutient.


 


 

Vingt ans plus tard, sous le nom de Mumy Singer, Rubén, devenu une superbe et célèbre chanteuse trans, revient d’Espagne pour chanter au Teatro San Martin de Buenos Aires, et renoue avec son père, très malade, sa mère heureuse de la revoir, et son frère dépressif. Toutes ces émotions finissent par lui faire perdre sa voix.


 


 

Mais elle a toujours la même obsession, faire sa batmitzvah. À travers le changement physique de Rubén, Daniel Burman s’intéresse, avant tout, à la transition de nos vies de l’enfance à l’âge adulte. Ce long moment peut jeter les êtres dans l’abîme du néant, à la recherche d’une identité et de la compréhension de qui ils sont et de ce pour quoi ils sont là.


 


 

Transmitzvah n’est en rien une représentation réaliste. Les personnages parlent par énigmes, citent abondamment philosophes, religieux et psychologues. Autour de la transition de genre de Rubén, mais aussi du traumatisme familial, de la relation entre le frère et la sœur et de la manière dont la religion juive a tenté de comprendre l’évolution de la société, Daniel Burman livre un film très personnel, dont le propos parfois aride et la réflexion complexe sont magnifiquement emportés par un environnement musical énergique et flamboyant.

Gérard Camy
Jeune Cinéma n°430, été 2024

1. Once est la dénomination non officielle d’une partie du quartier de Balvanera, dans la ville de Buenos Aires. "Once", pour "Once de Septiembre", soit Onze-Septembre, faisant allusion à la révolution du 11 septembre 1852.


Transmitzvah. Réal : Daniel Burman ; sc : D.B. & Ariel Gurevich ; ph : Roidrigo Pulpeiro ; mont : Eliane D. katz ; mu : Gabriel Chwojnik. Int : Penélope Guerrero, Gustavo Bassani, Juan Minujin, Alejandro Awada, Alejandra Flechner et Carla Quevedo (Argentine, 2024, 100 mn).



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