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Jeunes Mères (2025)
Luc & Jean-Pierre Dardenne
publié le dimanche 25 mai 2025

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°437-438, été 2025

Sélection officielle En compétiton du Festival de Cannes 2025

Sortie le mercredi 23 mai 2025


 


Après treize longs métrages de fiction, un court métrage, six documentaires, une quarantaine de productions et deux Palmes d’or, Luc & Jean-Pierre Dardenne ont présenté leur dernier film en compétition officielle au Festival de Cannes et ont décroché encore un prix, celui du Meilleur scénario pour Jeunes mères. Et c’est amplement mérité puisque ce film, un énième film sur le pathos social, est parfaitement maîtrisé et se développe de manière linéaire, comme un film choral.


 


 

Fidèles à leur méthode quasi légendaire, ils ont planté leur caméra dans un centre d’accueil liégeois pour de très jeunes mères. Le film aurait d’ailleurs très bien pu être dédié à la mémoire de leur Rosetta (1), magnifiquement interprétée par Émilie Dequenne, disparue le 16 mars 2025, qui inaugurait une série de films sur les ravages de l’alcoolisme des mères et les souffrances des très jeunes filles. On retrouve ces thèmes dans Jeunes mères quelque vingt-six ans plus tard et, apparemment, rien n’a vraiment changé sous le soleil.


 


 

La caméra développe un scénario parfaitement écrit, en suivant cinq très jeunes mères, Jessica, Perla, Julie, Naïma et Ariane, avec leurs bébés, à travers leurs souffrances et les déceptions qu’elles traversent. Toutes les cinq ont d’ailleurs beaucoup de mal avec la maternité car la plupart de leurs génitrices n’ont pas été de "bonnes" mères, et il n’est pas étonnant qu’elles veuillent à leur tour abandonner leurs enfants à la garde d’autres familles, afin qu’ils échappent à cette "misère" qu’elles ont subie.


 


 

Quand elles parlent d’ailleurs de misère, il s’agit plus de misère morale que de misère matérielle : l’une des jeunes filles répète par deux fois à sa mère qu’elle l’aime et qu’elle n’a pas honte d’elle. Car le film n’est pas seulement un constat du mal-être et de l’incommunicabilité envers ces mères qui n’ont pas réussi à aimer vraiment leur enfant. Il s’offre comme un outil de rédemption, à travers les images finales qui présentent Perla tombant dans les bras de sa sœur avec qui elle était fâchée, ou une autre dont la mère biologique accepte enfin de se laisser photographier. Le jeune couple qui rend visite à la professeur de Lettres mélomane clôt ce film étrangement lumineux sur un bel hommage à Guillaume Apollinaire et à la musique.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°437-438, été 2025

1. "Rosetta", Jeune Cinéma n°257, septembre 1999.


Jeunes Mères. Réal, sc : Luc & Jean-Pierre Dardenne ; ph : Benoît Dervaux ; mont : Marie-Hélène Dozo. Int : Elsa Houben, Lucie Laruelle, Babette Verbeek, Janaïna Halloy, Samia Hilmi, India Hair, Claire Bodson (Belgique-France, 2025, 105 mn).



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