Une fois passé ce qu’on pourrait appeler le "prequel" un peu longuet, s’agissant de l’adaptation d’une vieille série télé archiconnue, on plonge enfin dans une histoire passionnante à condition d’être au parfum de la double clé en forme de croix orthodoxe, du sous-marin nucléaire russe Sébastopol gisant au fond des mers froides et de l’intrépidité du super héros, Ethan Hunt, qui ne va pas y aller avec le dos de la cuillère dans ce film à la fois d’humour et d’action un peu long (presque trois heures), mais haletant pour peu qu’on se laisse aller comme un enfant à qui on raconte une histoire fantastique.

Pour ce huitième épisode, encore une fois le corps exposé de l’humain, en l’occurrence celui d’un Tom Cruise immarcescible, peu avare d’exploits et d’exhibition de biscoteaux, tel un gentil et dévoué David, va se donner corps et âme dans sa bataille pour sauver l’univers face à une Entité impalpable, qui pourrait ressembler à une sorte d’IA, qui nous ment et nous manipule et que le corps du héros, aidé certes par une équipe de vrais-faux bras cassés, va réussir in fine, à l’ultime seconde, à néantiser grâce au poison d’un algorithme contraire.

Vous nous suivez ? Pas vraiment ? Ce n’est pas grave, il suffit de se laisser porter pour enfin, vers la 160e minute, respirer puisque, grâce à une charmante présidente des États-Unis noire et à notre Tintin super actif, les forces du Mal qui s’emploient à vouloir détruire notre cher monde capitaliste et d’une haute technologie, genre Goliath au pied d’argile, vont être dominées par l’intelligence et l’union d’humains encore plus qu’humains. Jusqu’à la prochaine avanie, hélas mais qui donnera naissance à un neuvième opusépisode

Les personnages qui gravitent autour de la figure de proue, Ethan, portent peu ou prou des prénoms bibliques, à commencer par Ethan, petit-fils de Jacob, mais aussi Gabriel l’ennemi d’Ethan et dont le nom signifie pourtant messager de Dieu, et aussi Hagar, qui surfe trop sur Internet et dont le nom en hébreu signifie étranger. Pourtant, il ne faut surtout pas prendre ce film au premier degré, il est empli de trouvailles et d’humour, notamment dans la vertigineuse séquence des deux avions qui se poursuivent à la manière de L’As des as (1982) et des acrobaties de Bébel.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°437-438, juin 2025

Mission impossible – The Final Reckoning. Réal : Christopher McQuarrie ; sc : C.MMcQ & Erik Jendresen ; ph : Fraser Taggart ; mont : Eddie Hamilton ; mu : Max Aruj & Alfie Godfrey. Int : Tom Cruise, Hayley Atwell, Ving Rhames, Simon Pegg, Esal Morales, Angela Bassett (USA, 2025, 169 mn).