Énième réflexion sur la guerre, ce deuxième long métrage du Colombien César Augusto Acevedo, après La Terre et l’Ombre, présenté à la Semaine de la Critique à Cannes 2015, où il a obtenu la Caméra d’or, est magnifiquement interprété par Claudio Cataño et Paulina García Alfonso (le fils et sa mère), et photographié par Mateo Guzmán Sánchez. Depuis 2017, César Augusto Acevedo travaille comme professeur de mise en scène dans plusieurs universités de Colombie, notamment à l’École nationale de cinéma et au Congo Film School, mais il fut également programmateur du Festival international du film Cartagena de Indias de 2018 à 2020.

Ne manquant ni de qualité esthétique, ni de maestria, le film possède les défauts de ses qualités et / ou vice-versa, même si on ne doute pas de l’honnêteté intellectuelle du réalisateur. Malgré une volonté poétique parfois à la Jean Cocteau, le film devient vite ennuyeux, dès lors que le spectateur n’aura pas, au début, pris conscience de l’état de non-vie des personnages, ce qui autorise - parfois un peu trop - le réalisateur à jouer de cette ambiguïté.

Coproduit entre autres par Thierry Lenouvel pour la France, au nom de sa société CinéSud Promotion dont on reconnaît bien la marque de fabrique, Horizonte montre un peu trop les ficelles de ce genre de cinéma un peu trop ciblé, qui n’arrive pas à se renouveler même si, certes, ses intentions sont toujours louables. Mais le militantisme a ses limites et ce genre de cinéma, ultra exploité jusqu’à l’indigestion, est-il encore utile ? Ne faudrait-il pas passer à la vitesse supérieure et agir, car le cinéma, tout comme la culture en général, comme le disait fort justement Woody Allen, ne peut rien changer à la vie, hélas. Le cinéma actuel se trouve être, jusqu’à nouvel ordre, le refuge d’une révolution mondiale qui tarde un peu trop à voir le jour…

"J’ai beaucoup réfléchi au mot incertitude dans ce film, déclare César Augusto Acevedo. Ce qu’est ma vie dans ce pays, et ma relation avec tout ce que nous avons dû traverser. J’ai toujours pensé que notre société était complètement désensibilisée à la violence, à la guerre, et que nous avions du mal à ressentir de l’empathie pour les autres". C’est très certainement vrai, mais ce film est-il vraiment à même de changer les mentalités, l’ordre du monde et des choses ? On peut en douter même s’il ne manque pas de beauté plastique car sa force de persuasion reste assez limitée.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Horizonte. Réal, sc : César Augusto Acevedo ; ph : Mateo Guzman ; mont : Soledad Salfate & Camila Beltran ; mu : Harry Allouche. Int : Claudio Cataño, Paulina Garcia, Edgar Duran Galindo, Michael Steven Henao (Colombie-Luxembourg-France, 2024, 125 mn).