home > Films > Roseaux sauvages (les) (1994)
Roseaux sauvages (les) (1994)
de André Téchiné
publié le mercredi 2 juillet 2025

par Nadine Guérin
Jeune Cinéma n°228, été 1994

Sélection officielle du Festival de Cannes 1994
Film de clôture

Sorties les mercredis 1er juin 1994 et 2 juillet 2025


 


Capter les âges de la vie en prise avec le temps, mettre en crise les liens enracinés dans un contexte provincial, tel est l’axe autour duquel s’orchestre le cinéma selon André Téchiné. Après Ma saison préférée (1993), le réalisateur a eu envie de "construire un pont avec la jeunesse", nourrissant de ses souvenirs d’enfance Les Roseaux sauvages  : "En 1962, au moment de la guerre d’Algérie et de la signature des accords d’Évian, un élève pied-noir nous a soudain fait prendre conscience, dans cette France rurale et populaire, de l’existence d’une guerre qui nous paraissait lointaine et abstraite".


 


 


 

Exilé animé par la haine, Henri milite ouvertement pour la terre brûlée. Il fascine François, l’alter ego du cinéaste, confronté dès lors à la menace de la guerre civile, à la réalité du métissage, à la différence mêlée des idées et des corps. Le petit lycée du Sud-Ouest, en proie aux débordements, voit exploser ses habitudes et ses règles. Pour François, ce dernier trimestre de l’année 1962 ne sera pas seulement marqué par la préparation du bac. Il fera, non sans douleur, le deuil de son enfance, et découvrira, à travers ses peurs et ses désirs, le monde extérieur, le monde des autres.


 


 


 

Pour filmer les années soixante, André Téchiné a évité le regard nostalgique et la reconstitution fidèle. On comprend sa fascination pour la sensibilité écorchée de l’adolescence, la violence sourde de ses ruptures et de ses fêlures, les tourments des brûlures à cet âge délicat de la vie. Avec la légèreté qui lui est chère, il tend sa caméra vers le visage de jeunes inconnus, au talent prometteur, parce qu’il veut coller à leur vécu. Mais l’adolescence est faite de vacillements, le metteur en scène les observe à sa façon, introspective et détachée. Âpre et ensoleillé, Les Roseaux sauvages mêle les sentiments et leur mensonge et possède le goût magnétique de la vie.

Nadine Guérin
Jeune Cinéma n°228, été 1994


Les Roseaux sauvages. Réal : André Téchiné ; sc : A.T., Gilles Taurand & Olivier Massart ; ph : Jeanne Lapoirie ; mont : Martine Giordano. Int : Frédéric Gorny, Stéphane Rideau, Élodie Bouchez, Gaël Morel, Michèle Moretti, Jacques Nolot (France, 1994, 110 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts