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My Father’s Son (2025)
de Qiu Sheng
publié le mercredi 23 juillet 2025

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection officielle du Festival international du film de Shanghai 2025.

Sortie le mercredi 23 juillet 2025


 


Pour son deuxième long métrage, après Suburban Birds en 2018, et le court métrage Double Helix en 2022, tous deux reconnus dans de nombreux festivals, le réalisateur originaire de Hangzhou, licencié en ingénierie biomédicale, nous revient avec un beau film intrigant, qui mêle souvenirs du père, intelligence artificielle et réalité virtuelle.

My Father’s Son est un film à la fois personnel et presque expérimental, qui se développe en deux parties presque distinctes, avec une narration originale. Qiu Sheng a commencé à travailler sur son premier film Suburban Birds, en pensant qu’il était temps de rendre hommage à la mémoire de son père. Il avait imaginé un garçon fuyant un enterrement et errant dans la ville pendant plusieurs jours, mais il n’était pas parvenu à trouver une fin qui lui convienne. Ce début de scénario abandonné correspond au souvenir précis de la mort de son père, qu’il va reprendre dans My Father’s Son, six ans plus tard. Dans la réalité tout comme dans le film, l’oncle du personnage principal, Qiao Zou, lui a préparé un discours pour rendre hommage à son père. Mais le fils, trop ému ou trop révolté, s’enfuit de la cérémonie et ne reviendra que plus tard chercher l’urne funéraire.


 


 


 

On sent bien depuis le début que c’est d’une famille assez dysfonctionnelle qu’il s’agit, et le jeune Qiao a l’air d’éprouver pour son père à la fois de l’amour et une certaine forme de détestation. À 18 ans, il vient de terminer ses examens d’entrée à l’Université lorsqu’il apprend la mort de celui-ci, un homme brutal et secret, qui lui a légué - parfois par la violence - sa passion pour la boxe, qu’il avait lui-même pratiquée.


 


 


 

Des images du film reviennent par bribes sur le passé, en s’appuyant une à une sur les phrases du discours hommage que Qiao a refusé de lire. Elles sont d’ailleurs souvent en totale contradiction par rapport à ce qu’il nous est donné de voir à l’écran. Des années plus tard, devenu ingénieur, Qiao développe un logiciel d’entraînement de boxe utilisant l’intelligence artificielle. Il modélise un adversaire virtuel reprenant les traits de son père, qui bientôt lui échappe. D’où le titre du film qui correspond tout à fait à cette manière dont le fils veut se réapproprier le père défaillant.


 


 


 

Portrait d’un jeune homme qui tente finalement par les nouvelles technologies de faire revivre ce père qui lui manque tant ; portrait aussi d’un homme qui n’a pas su aimer son fils et, en sous-main, portrait de femmes et de mères. Puis, par-dessus tout, portrait d’une certaine Chine et par là-même de la ville de Hangzhou, où la famille est arrivée en passant par le fleuve, et qui est devenue depuis une ville très singulière. Capitale de la dynastie Song il y a huit siècles, Hangzhou est aujourd’hui le berceau de Taobao.com, la plus grande plateforme de commerce en ligne en Chine. De nombreuses personnes y vivent grâce au live streaming, notamment sur TikTok, ce qui lui vaut parfois le surnom de "ville des influenceurs". Une société de l’apparence qui se reflète dans des eaux troubles aux couleurs froides - Qiu Sheng déclare avoir lu L’Eau et les Rêves de Gaston Bachelard (1941) avant de réaliser ce film.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


My Father’s Son. Réal, sc : Qiu Sheng : ph : Jiahao Zhang ; mont : Zhang Zhongchen & Louise Jaillette ; mu : Adrien casalis. Int : Weichen Luo, Anke Sun, Song Yang, Ning Sun (Chine-France, 2025, 100 mn).



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