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Journal intime du Liban (2024)
de Myriam el Hajj
publié le mercredi 15 octobre 2025

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°439, octobre 2025

Sélection Panarama de la Berlinale 2024

Sortie le mercredi 15 octobre 2025


 


Myriam el Hajj, née et habitant à Beyrouth, s’est fait connaître en 2015, avec son premier film documentaire, Trêve, qui suivait son oncle et ses amis, anciens miliciens de la guerre civile libanaise (1975-1190). Pour son second long métrage documentaire, elle revient de nouveau sur ses blessures, dans ce Journal intime du Liban où elle suit pas à pas, ou presque, trois personnes, durant pratiquement deux heures, dans les appartements, les rues et autres lieux publics de Beyrouth, notamment chez un coiffeur, sorte de salon où l’on cause. Dans ce film présenté à la Berlinade 2025, la réalisatrice filme et interviewe trois personnes : Georges Moufarej, un vétéran à la jambe coupée, hanté par le passé ; la belle et dynamique militante Joumana Haddad, candidate à la députation et, enfin, Perla Joe Maalouli, artiste engagée qui clôturera ce film en chantant, pour protester encore et encore sur la corruption qui mine son cher pays.


 


 


 

Outre le fait que la colère que ressentent les citoyens envers les politiciens corrompus - et assassins, notamment pour le drame de l’explosion dans le port de Beyrouth en août 2020 -, pourrait aujourd’hui facilement s’exporter, par exemple dans notre pays et sa politique plus que délétère et inique, le portrait que Myriam el Hajj propose du Liban est à la fois généreux et révoltant. Elle agite, sans le vouloir, des drames et des trahisons qui incitent à la compassion et l’empathie devant le mépris des dirigeants et la confiscation de la démocratie.


 


 


 

Ce très beau film, avec ses images intimes et évocatrices de Jihad Saadé, Mohamed Siam, Mohamad Sabbah et Elias Moubarak et le montage de Anita Perez, est surtout un travail sur la mémoire. Et également un témoignage sur les combats et la révolution de 2019, comme si la cinéaste était à la fois dépositaire de cette Histoire, et responsable de l’avenir de la jeunesse qui n’a pas connu ces guerres mais espère vivement en un monde meilleur.
Elle l’exprime ainsi : "Il m’a paru essentiel de raconter ce qui nous arrivait. Aujourd’hui, nous manquons d’images. Il ne faut pas que les politiciens soient les seuls à détenir le narratif de ce que l’on a vécu. Il est nécessaire que le point de vue de la société civile puisse exister. Certes, très souvent, j’étais tiraillée entre l’urgence de filmer et celle de crier comme les personnages durant la révolution d’octobre 2019. Mais, très vite, j’ai compris que mon rôle dans la révolution était de vivre les événements derrière la caméra". Et ce témoignage est devenu un très beau travail, récompensé par de nombreux festivals, dont le Grand Prix du jury du meilleur long métrage français indépendant au festival des Champs-Élysées et le Prix Documentaire sur grand écran au Fifam 2025 d’Amiens.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°439, octobre 2025


Journal intime du Liban (Diaries from Lebanon). Réal, sc, ph : Myriam el Hajj ; ph : Jihad Saadé, Mohamed Siam, Mohamad Sabbah et Elias Moubarak ; mont : Anita Perez (France-Liban-Qatar-Arabie, 2024, 110 mn). Documentaire.



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