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Fast Walking (1982)
de James B. Harris
publié le vendredi 25 mars 2016

Cf. Hiver 2013-2014
Les saisons, chronique DVD

par Jérôme Fabre
Jeune Cinéma n°358, mars 2014


 


La Warner a plusieurs longueurs d’avance sur les autres studios hollywoodiens en ce qui concerne la réédition en DVD de son immense fonds d’œuvres oubliées ou difficilement visibles (il convient de noter que certains des titres ainsi distribués ont été à l’origine produits par d’autres studios, particulièrement la MGM).

Uniquement disponibles sur le (difficilement praticable) site de la firme, ces "trésors", comme elle les nomme, sont adjugés à la demande pour à peine plus qu’un ticket de cinéma. Il est cependant difficile de se frayer un chemin dans ce labyrinthe de titres alléchants mais obscurs, et les renseignements sont chiches.

Si la vague de films pré-code a reçu un vaste et mérité écho dans la presse spécialisée, les collections "Films criminels" et "Westerns" sont déroulées dans un silence de plomb et il faut acquérir un titre, plus ou moins au hasard, pour avoir accès aux (maigres) livrets informatifs sur le reste des collections.

Nous avons commencé à dérouler la pelote du côté "criminels" par le dernier dans l’ordre chronologique, Fast Walking (*), dont l’auteur, James B. Harris, plus connu comme producteur de Kubrick, est aujourd’hui justement remis à l’honneur avec la ressortie en salle de Some Call It Loving (1973) et une rétrospective à la Cinémathèque.
Certainement le moins connu de ses cinq films, Fast Walking est parfois déroutant par son mélange de plusieurs sous-genres criminels - film de prison, film d’arnaque, film de lutte interraciale - ses poussées de fièvre érotique (par l’intermédiaire de son personnage féminin incarnée par Kay Lenz dans l’une de ses rares apparitions cinématographiques) et ses incongruités scénaristiques (indétermination de la narration, pas de logique, pas de causalité), mais se rattache facilement à son auteur par l’extrême liberté de ses personnages, tous anarchistes à leur façon et dont il est impossible de fixer les contours moraux et psychologiques, le tranchant des dialogues et l’extrême attention portée à son casting. Le singulier James Woods y trouve d’ailleurs là un de ses plus grands rôles, en gardien de prison corrompu, caustique, escroc jouisseur amoral qui enrichit un peu plus le cabinet de curiosités que constitue l’œuvre de Harris.

Jérôme Fabre
Jeune Cinéma n°358, mars 2014

* Warner.

Fast Walking. Réal : James B. Harris ; sc. J.B.H. & Ernest Brawley ; mu : Lalo Schifrin ; ph : King Baggot ; mont : Douglas Stewart. Int : James Wood, Tim McIntire, Kay Lenz, Robert Hooks, Charles Weldon, Susan Tyrrell (États-Unis, 1982, 115 mn).

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