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Free To Run (2016)
de Pierre Morath
publié le mardi 12 avril 2016

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 13 avril 2016


 


C’est un documentaire sur l’histoire de la conquête démocratique de la course à pied.
Et de ses héros. Avant, les courses étaient contrôlées et organisées par des fédérations hégémoniques aux règles tyranniques : pas de courses mixtes, pas de circuit de plus de 800 mètres pour les femmes, séparation rigoureuse des amateurs et des professionnels, des licenciés et des non-licenciés, interdiction de toute gratification ou rémunération.


 


 

Après, c’est à partir du Marathon de Boston de 1967 (1). Cette année là, il fête ses 70 ans. L’insolente Kathrine Switzer s’inscrit dans la course sous un nom présumé être celui d’un homme (2), et, découverte, est molestée et insultée par l’organisateur. Mais, comme elle court plus vite que lui, elle peut quand même terminer la course.

Elle est radiée de sa fédération d’athlétisme, elle rallie alors ce mouvement du sport libre qui s’épanouit. Il y a le grand sponsor libéral, Fred Lebow (3) et sa revue Spiridon (4). Il y a son jeune héros immensément populaire Steve Prefontaine (5), drainant le foules mais ne touchant pas un centime, et vivant dans une roulotte, mort, tel James Dean, à 24 ans.


 


 

Le film relate une partie de cette épopée, de cette aventure de masse qui a abouti à faire du Marathon de New York - et des marathons en général - des événements sociaux majeurs aux énormes budgets. (6)

Kathrine Switzer y joue le rôle de l’héroïne positive qui, comme dans No Land’s Song, s’engage dans ce combat de l’évidence (7) contre les bureaucraties rassies… et gagne. Les femmes courent maintenant aussi les ultra-marathons. Les coureurs de fond étaient des solitaires des farfelus, ils sont maintenant des milliers, des millions.


 

C’est une militance d’autant plus mobilisatrice qu’elle intervient dans un domaine non directement politique mais fortement idéologique, celui des causes justes.
La récupération qui peut s’ensuivre est une autre affaire.

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe (avril 2016)

1. Le Marathon de Boston (42, 195 km), né en 1897, est le plus vieux marathon du monde. Il a lieu dans les rues de Boston, le Patriots’ Day (3e lundi d’avril). Le 15 avril 2013, deux bombes y ont explosé à la ligne d’arrivée (3 morts, 10 blessés).

2. Kathrine Switzer, écrivaine, journaliste et marathonnienne, née en 1947, signait ses écrits sous un nom sans "genre" identifié : K. V. Switzer. Elle s’était inscrite au marathon à sa façon habituelle. L’affaire a fait la Une de tous les journaux du monde. Elle a un site officiel.

3. Fred Lebow (1932-1994). Un biopic a été réalisé sur lui : Run for Your Life de Judd Ehrlich.

4. Spiridon (1972-1989) est une revue bimestrielle internationale de course à pied, créée par Noël Tamini et Yves Jeannotat, pour démocratiser la course à pied (112 numéros). Le nom vient du premier champion olympique du marathon : le Grec Spyrídon Loúis. Entre novembre 1985 et décembre 1986, la revue a pris le nom de Foulées.

5. Steve Prefontaine (1951-1975). Deux biopic ont été réalisé sur lui : Prefontaine de Steve James (1997) et Without Limits de Robert Towne (1998).

6. On peut mentionner Carolyn Davidson, créatrice du sigle de Nike, qui a été rémunérée 35 dollars pour ce travail.

7. L’évidence de la musique pour tous : No Land’s Song de Ayat Najafi (2014).


Free to Run. Réal. : Pierre Morath ; im et mont : Thomas Queille ; mi : Ph Charbonnel ; mu : Kevin Queille, Polar ; narrateur : Philippe Torreton (Suisse-France-Belgique, 2016,100 mn). Documentaire.



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