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Blind Sun (2015)
de Joyce A. Nashawati
publié le mercredi 20 avril 2016

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°373, mai 2016

Sortie le mercredi 20 avril 2016


 


Premier long métrage de Joyce A. Nashawati, réalisatrice libanaise installée à Paris, Blind Sun se passe lors d’une sévère canicule en Grèce. Un immigré est embauché par un couple français pour veiller sur leur villa durant un séjour à l’étranger. Celle-ci très moderne, équipée d’écrans et de systèmes de sécurité électroniques laisse pourtant passer une ombre inquiétante.


 

Envahi de vagues soupçons à propos de papiers d’identité dérobés, de souvenirs d’enfance avec un frère au bord de la piscine, ou encore de moments énigmatiques en compagnie d’une femme, le récit filmique se déroule dans une vacuité aussi lourde que la chaleur écrasante qui anéantit tout sur son passage. Le paysage filmé semble inhospitalier, désolé, inhabité, sauvage, une terre aride où rôdent les chiens et s’accumulent les ordures. La vision accablante de la chaleur pèse dans l’image, le héros du film, Ashraf Idriss (Ziad Bakri), lutte sans cesse contre l’atmosphère étouffante et contre la folie paranoïaque qui l’envahit peu à peu. L’originalité du film tient à sa double appartenance au genre fantastique et au drame psychologique. L’incertitude quant à l’inquiétude profonde d’Ashraf Idriss crée un climat délétère sans bornes, sans repères, frisant l’abstraction, tant il devient impersonnel et étranger.


 

Sans intrigue réelle, l’affolement d’Ashraf prend une coloration psychanalytique ; l’apparition de l’ombre agit comme un tourment, une obsession, une menace. Où qu’il soit, il est confronté au conflit entre la réalité qui l’entoure et l’imaginaire qui croît à l’intérieur de son esprit. Sa raison en est bouleversée, l’inconnu le hante et le déséquilibre, jusqu’à l’absurdité finale qui le plonge dans le brasier ardent.


 


 

C’est un film sur l’éblouissement de la lumière éclatante du soleil et la force mauvaise qui aveugle l’entendement. Une première œuvre assez bien menée, entre sensoriel et mental, qui augure une volonté de pratiquer le cinéma avec singularité.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°373, mai 2016


Blind Sun. Réal, sc : Joyce A. Nashawati ; ph : Yorgos Arvanitis ; mont : Sébastien Prangère. Int : Ziad Bakri, Laurène Brun, Adrian Danatt, Louis-Do de Lencquesaing, Mimi Denisi (Grèce-France, 2015, 88 mn).



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